Pour celles et ceux qui ne peuvent pas se déplacer, la ville d’Issoire (Puy-de-Dôme) dispose d’un équipement portatif innovant pour réaliser passeports et cartes d’identité.
C’est un lundi pas tout à fait comme les autres pour Nathalie Legros et Karine Dupuy. Les deux adjointes administratives du service d’état civil d’Issoire vont sillonner le territoire. Le dispositif de recueil mobile en bandoulière, elles se rendent auprès des personnes âgées, où dans l’incapacité de se déplacer, pour renouveler une carte d’identité ou un passeport. Une activité plutôt exceptionnelle pour ces professionnelles habituées à recevoir le public en mairie.
Un matériel portatif polyvalentNathalie Legros et Karine Dupuy se rendent en zone rurale pour les démarches administratives.Afin d’accomplir ces démarches nécessaires à la reconduction de pièces d’identité, Karine Dupuy et Nathalie Legros disposent donc d’un matériel portatif adapté. Cet équipement n’est pas récent. Ce qui l’est en revanche, c’est sa disponibilité. Après mars 2023, la préfecture du Puy-de-Dôme qui, jusqu’ici, était seule détentrice de cet appareil, a proposé aux villes d’arrondissement de pouvoir en disposer.
Une aubaine. Car, avant cette date, le personnel administratif devait se rendre à Clermont-Ferrand récupérer le DR mobile et, une fois utilisé chez les particuliers, le rapporter en préfecture. Un protocole qui était plutôt fastidieux pour un appareil censé faciliter l’accès aux démarches administratives.
Un équipement souvent méconnuScanner les empreintes pour authentifier les détenteurs des documents.Désormais, et afin d’optimiser leurs déplacements, les adjointes issoiriennes planifient les rendez-vous sur une journée. La tournée débute ainsi par la commune de Manglieu (Mond’Arverne Communauté). "C’est proche d’Issoire, donc nous pouvons nous y rendre plus facilement", note Nathalie Legros. Le hameau de Tarragnat abrite seulement quelques maisons. Yvonne habite l’une d’elles. Âgée de 84 ans, elle a toutes les peines du monde pour se déplacer et a besoin de refaire sa carte d’identité. Florence, sa fille, est présente pour l’aider. "Je ne savais pas que ce dispositif existait", avoue-t-elle en observant Karine et Nathalie ouvrir la valise et effectuer les branchements.
Le DR mobile se compose d’un ordinateur, de deux scanners (l’un pour les documents, l’autre pour les empreintes). L’opération ne prend qu’une trentaine de minutes en général. Les deux adjointes, patientes et pédagogues, reprennent ensuite la route direction Saint-Vincent.
Retraite et caractèreLes adjointes administratives expliquent le fonctionnement du dispositif.La carte d’identité d’Yvette, 93 ans, n’est plus valable depuis… 2007. "Elle en a besoin pour des papiers, ce n’est pas pour partir en voyage !", sourit José, son fils. La discussion s’engage. Yvette apprécie d’avoir de la visite. Mais il est déjà temps de repartir vers Issoire. Micheline, nonagénaire au caractère bien trempé, est accompagnée de Jacques, son fils.
La maison de retraite"Il manque le timbre fiscal à 25 €", remarque d’emblée Nathalie. Un aller-retour à la maison de la presse et le souci est réglé. Pendant ce temps, Micheline raconte s’être fait voler son portefeuille avec la carte d’identité et 50 €. "Ils auraient pu laisser la carte tout de même !", peste l’Issoirienne à l’instant où son fils revient avec le timbre. Pour clore la démarche et la visite, la future détentrice doit signer un ticket. "Qu’est-ce que je dois signer ? Mon arrêt de mort ?", plaisante-t-elle.
La maison de retraite de la Cascade, derrière le centre hospitalier, fait aussi partie des rendez-vous. Chambre 12, au rez-de-chaussée, Anne attendait la venue des deux employées municipales. Les visites sont toujours agréables et divertissantes lorsque l’on vit en Ehpad depuis plusieurs années. "À 96 ans, je me débrouille. C’est un peu en désordre, mais ça va", s’excuse l’ancienne enseignante. Elle enchaîne les plaisanteries tout en s’acquittant des démarches administratives. Sa bonne humeur est contagieuse.Un dispositif apprécié des usagers.
Retour dans un moisNathalie et Karine préviennent que la nouvelle carte sera disponible dans quatre à cinq semaines. Toutes les informations collectées sont en effet transmises par un canal sécurisé vers la préfecture. "Nous devrons toutefois revenir vous voir pour vous remettre la nouvelle carte d’identité et prendre de nouveau vos empreintes afin de confirmer qu’il s’agit bien de vous", préviennent les adjointes administratives. Anne sourit. Elle est ravie.
David Allignon
