Le musée de la Résistance à Neuvic présente une exposition sur les symboles, les emblèmes et l’art dans la Résistance. Une facette originale pour découvrir ce musée si émouvant.
Après une année 2023 consacrée aux jouets de Neuvic, 2022, consacrée à la Libération de la haute Corrèze, il fallait une bonne idée pour porter la grande exposition d’été au musée de la Résistance Henri-Queuille de Neuvic. « Le musée de la Résistance est en lui-même un symbole, avance la directrice, Leslie Estrade, et en cette année mémorielle particulière, symbolique, l’idée de ce thème des symboles paraissait judicieux ».
Croix de Lorraine, TSF et appel du 18 juinArt, emblèmes et symbole… Le fait est que la mémoire de la Résistance a créé dans notre imaginaire commun des symboles auxquels nous sommes attachés. Ainsi, la Croix de Lorraine devenue le symbole de la France Libre et qui, sur une affiche étonnante, « déclare la guerre » à la croix gammée. Mais le premier symbole est sans doute l’Appel du 18 juin 1940 : une voix, une volonté, une révolte portée par un jeune général quasi inconnu qu’on retrouve évidemment dans cette exposition.Personnages et images symboliques, objets symboliques aussi, comme ce poste TSF, de ceux qui diffusèrent le message du Général, un calendrier édité par le mouvement Combat, lui-même orné des symboles de courage, de résistance. Et encore les paroles symboliques (La France a perdu une bataille mais la France…), on est dans le thème. Des affiches, des photographies, des visages de résistants et de résistantes ponctuent cette exposition temporaire comme les collections permanentes. Mais on n’oublie pas que des artistes ont eux aussi célébré la Résistance et la victoire. Parmi eux, Jean Lurçat, le célèbre voisin lotois, peintre et créateur de tapisseries dont on présente ici, une œuvre, allégorie du bien triomphant du mal, en l’occurrence, du coq gaulois dominant le bouc allemand aux cornes de satyre.
Renouveler le désir de venir au muséeOn découvrira également le destin d’une sculpture du XIXe siècle, soustrait aux razzias d’œuvres d’art des nazis, le monument neuvicois à la mémoire des Neuvicois résistants créé par Raymond Couvègne, 1er prix de Rome et une œuvre inclassable, « la Joconde du musée », comme l’appelle Leslie Estrade. Un graffiti « signé » de trois résistants qui par sa seule force esthétique et émotionnelle a aujourd’hui rang d’œuvre d’art, une pièce majeure du musée.
La visite de l’exposition convoque notre mémoire visuelle tout autant que la mémoire des faits. « C’est vrai que nous essayons de surprendre notre public, de renouveler le désir de se rendre au musée, explique Leslie Estrade. « Le musée a déjà beaucoup évolué, se réjouit Philippe Lescure, le vice-président du Département en charge de la culture, il ne peut pas rester figé, la scénographie est très actuelle et cela permet de bien sensibiliser les plus jeunes aux évènements tragiques de la guerre ».« Nous consacrons la Résistance, ses valeurs et ses symboles pour continuer à dire que, à un moment, la morale doit l’emporter, estime le président Pascal Coste. J’aimerais vraiment que cette exposition concerne tous les Corréziens du sud au nord ! »
Arnaud Besnard