lIs étaient 7.900 à participer, ce samedi après-midi, dans le calme, à la marche blanche organisée à Châteauroux (Indre) en l’honneur de Matisse, cet adolescent de 15 ans mort le samedi 27 avril après avoir reçu plusieurs coups de couteau. Si l’émotion et la tristesse ont accompagné le cortège tout le long du parcours, la colère était également là, tapie dans de nombreux esprits.
La pluie qui s’est abattue sur Châteauroux (Indre) ce samedi après-midi n’aura aucunement dissuadé les participants à la marche blanche organisée en l’honneur du jeune Matisse, 15 ans, mort après avoir reçu plusieurs coups de couteau, le samedi 27 avril, dans le quartier Saint-Denis. Au total, 7.900 personnes se sont rassemblées à 15 h 30 place La Fayette où la famille du jeune homme avait donné rendez-vous pour le départ de la marche.
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Sous un toit de parapluies, certains arboraient un tee-shirt blanc où l’on pouvait lire « Au revoir ma loutre », cet animal devenu l’emblème du drame en référence au surnom donné affectueusement par le papa de Matisse à son fils. Certains avaient des roses, d’autres des fleurs blanches. Beaucoup avaient les yeux rougis, le visage fermé en repensant aux circonstances du meurtre qui ont conduit au décès de cet enfant du pays. « Je connais bien les parents qui tiennent ici le restaurant Jeux 2 Goûts », confiait, au milieu du cortège, Marie-France, une écharpe blanche nouée autour du cou. Cette Castelroussine a tenu à être présente « pour soutenir la famille, c’est important. Je trouve les parents de Matisse d’une dignité extraordinaire ».La famille avait appelé à « faire preuve de respect tout au long du parcours afin que la marche se déroule dans un esprit serein et solidaire ». Une demande qui a été respectée par les près de 8.000 marcheurs qui, après avoir quitté la place La Fayette sont passés devant l’école primaire de Matisse, puis le restaurant de ses parents, avant d’emprunter la place de la République pour rallier le restaurant le Saint-Hubert où Matisse était apprenti. Là, le cortège s’est arrêté quelques minutes pour écouter une chanson intitulée “Au revoir”, interprétée et écrite par Lison, la cousine de Matisse. Ces quelques minutes suspendues dans le temps ont été particulièrement émouvantes, tout particulièrement pour les proches du jeune homme réunis derrière une grande banderole. Tout sourire et encore tout petit, Matisse, « un vrai gentil » comme il était écrit, y figurait aux côtés d’un ballon de foot, une de ses passions, et d’une loutre.Sous les yeux des caméras et des appareils photos de nombreux médias, la famille a préféré rester discrète, se dissimulant derrière le sourire de Matisse imprimé sur la banderole. Un filet de sécurité entre les médias et la famille avait également été mis en place, avec la présence de plusieurs hommes qui n’ont pas hésité à faire usage de leurs parapluies pour cacher les visages des proches. « Nous allons essayer de faire respecter leur volonté », a brièvement expliqué un des hommes qui, munit d’un gilet fluorescent, tenait les caméras et les appareils photos à distance.
Lâcher de ballonsAprès un retour au point de départ, un lâcher de ballons rouges, bleus et blancs est venu clôturer ce rassemblement, sous des milliers d’applaudissements. Comme Marie-France, beaucoup de personnes présentes étaient de Châteauroux ou de communes alentour. Et comme Marie-France, beaucoup tenaient à témoigner de leur soutien aux parents de Matisse. « Nous sommes des parents aussi, soufflait Nicole. Il ne méritait pas ça, ce petit… » Les yeux rougis, une autre participante expliquait s’être rendue au funérarium, où la population était également invitée, samedi matin.Si l’émotion et la tristesse étaient bien là, pour tous, elles étaient bien souvent accompagnées de colère. « On la garde en nous pour respecter le souhait de la famille, mais cette colère, elle est là », assuraient Nicole et Mohamed qui déploraient notamment que l’auteur présumé des faits, un mineur afghan de 15 ans, ait été en liberté le jour du drame. Au moment des faits, il était mis en examen, par un juge d’instruction de Châteauroux, depuis le 22 avril, dans le cadre d’une autre affaire pour vol avec violence en réunion et placé sous contrôle judiciaire, dans le cadre de cette procédure.
Le jeune suspect de 15 ans est, depuis lundi, mis en examen pour le meurtre de Matisse et placé en détention provisoire. Sa mère, qui est soupçonnée d’avoir donné des gifles à la victime après qu’elle a reçu des coups de couteau, elle aussi mise en examen, est placée sous contrôle judiciaire, ce qui a suscité là aussi des réactions de colère dans le cortège. « Elle devrait être en prison. Je ne comprends pas qu’elle soit dehors, ce n’est pas normal, ne cessait de répéter Mohamed. Ce qu’elle a fait est inhumain. »
"On ne peut pas accepter ça"Pour Patricia, qui participait elle aussi à la marche, cette colère est « normale », mais il est important de la canaliser. « Il ne faut pas répondre à la violence par la violence. Il faut faire attention à ce que l’on dit et respecter le souhaite de Christophe (le papa de Matisse NDLR) qui ne veut pas que la mort de son fils soit l’objet d’une récupération politique. » Des banderoles établissant un lien entre la mort de Matisse et l’immigration ont été déployées vendredi soir, par un groupuscule d’ultra-droite, devant la mairie de Châteauroux.
La marche s’est, elle, déroulée « dans le calme et la sérénité comme le souhaitaient les parents, appréciait Patricia. Ce sont des gens adorables, très gentils, qui ne méritaient pas ce qu’il s’est passé. Le gosse ne méritait pas ça. C’est indicible. On ne peut pas accepter ça. »
Marion Lapeyre
