Le nombre d’opticiens dans le Cantal a augmenté de 61 % en dix ans. À Aurillac, si le marché stagne depuis quelques années, de nombreuses enseignes sont bien implantées dans tous les quartiers. Les franchises occupent une belle part de marché, mais quelques enseignes locales se démarquent, comme Optima ou les lunetteries Sautarel.
Le département compte un grand nombre d’opticiens. Entre 2012 et 2023, ils sont passés de 52 à 84 dans le Cantal, selon les chiffres du Répertoire ADELI - Drees, au 1er janvier 2024. « La demande augmente depuis dix ans, et nos contrées manquent d’opticiens », constate Géraldine Sanchez, opticienne depuis 25 ans dans le Cantal, (voir ci-dessous). La période de Covid et l’omniprésence des écrans, n’ont fait que renforcer l’importance que les Français accordent à leur vision. « Au sortir du confinement, nous avons été confrontés à une hausse de demande, constate Aurélie Delbert, co-gérante d’Optim, avenue des Volontaires, à Aurillac. L’enjeu était aussi esthétique : les clients se tournaient davantage vers des montures créateurs, moins classiques. »
En face, l’offre est là. À Aurillac, les clients ont le choix entre au moins seize boutiques physiques, recensées sur les pages jaunes, pour un total de 45 dans le Cantal. « Les jeunes diplômés préfèrent s’installer sur la côte que dans nos campagnes », poursuit Géraldine Sanchez. Au cœur de ce marché très concurrentiel, pour faire la différence, d’aucuns ont choisi de miser sur l’exception cantalienne. C’est le cas des lunetteries Sautarel. Installée depuis décembre 2017 rue marchande à Aurillac, cette boutique s’assume en tant que « niche ». Panier moyen : 565 €. À l’intérieur de la boutique, les codes propres aux opticiens n’y sont pas. Ici, point d’étalage d’un maximum de modèles de monture. Exit aussi la surabondance de lumière blanche. L’ambiance est tamisée, et le nombre de lunettes présentées est limité.
Le choix de l'identité pour faire la différence« Au départ, il s’agissait de prendre le marché d’une marque en particulier, Bruno Chaussinand », explique Arthur Fric, collaborateur de Clément Sautarel. Puis, l’idée a évolué vers le conseil technique, précis. La plupart des modèles sont dans des tiroirs, donc non exposés comme ailleurs. « Nous partons d’une analyse : il s’agit de trouver une monture qui convienne en matière de correction, de choix de verres, de carnation… Ces critères mènent vers une forme des lunettes, marquées ou légères… » L’enseigne cherche aussi à répondre à un souci écologique.
Juste après le Covid, nous avons constaté que les gens revenaient plus à du commerce de proximité, avec des attentes plus qualitatives, quitte à payer plus cher. Nous véhiculons quelque chose, dans l’achat, du mieux-consommer : local, et durable. Les lunettes sont qualitatives, et les clients le savent. Lorsqu’ils doivent changer de correction, elles peuvent être retravaillées pour être réutilisées, ou transformées en solaires, par exemple, pour qu’elles durent dans le temps.
La proximité, c’est aussi le pari qu’a fait Aurélie Delbert. « Nous avons ouvert en 2010, avec une enseigne qui s’est franchisée par la suite. Comme nous voulions rester indépendants, en 2015 nous nous sommes rapprochés de l’enseigne Optim, par Fabian Berthelot, qui est 100 % cantalou. » Ils deviennent associés. Aujourd’hui, l’enseigne possède une soixantaine de magasins en France. Elle a également, comme d’autres opticiens, fait le choix de se pallier le manque d’ophtalomologues en proposant une alternative. « Nous travaillons avec Lyleloo, qui permet de réaliser des examens de réfraction ici en magsain, par un opticien diplômé, et télétransmis par la plateforme à des ophtalmologistes partenaires. »
Anna Modolo
En chiffres Le Rouget, Vic-sur-Cère, Marcolès, Laveissière, et Chaudes-Aigues sont des communes cantaliennes qui ne comptaient pas d’opticiens en 2012, et qui en sont dotées de 3 en 2023. À Mauriac, une seule boutique d’opticiens était ouverte en 2012 contre cinq en 2023, soit une augmentation de 400 %. 46 À Aurillac, 46 opticiens sont recensés en 2023 contre seulement 16 en 2012. À Saint-Flour, ils sont 11 pour 8 boutiques. À Massiac et à Allanche, le nombre d’opticiens est passé de 1 en 2012 à 4 en 2023. À Condat, elles sont 3 en 2023 (contre 1 également en 2012), à Dienne, leur nombre est stable en onze ans (3), alors que le Falgoux qui en était dépourvu a gagné un magasin en 2019. Chiffres : SIRENE, recueillis par Nicolas Certes.