La saison 2 de Feud, série créée par Ryan Murphy en 2017 et centrée sur les grandes querelles de l’histoire américaine, nous plonge dans les dernières années de l'écrivain homosexuel Truman Capote. En toile de fond des conflits au sein d'une classe sociale ultra-privilégiée, elle explore avec justesse les liens particuliers qui unissent gays et femmes hétéros.
En huit épisodes, majoritairement réalisés par Gus Van Sant et diffusés sur Canal + en France, Feud : les trahisons de Truman Capote revient sur la mort sociale de l’auteur de Breakfast at Tiffany's (Petit Déjeuner chez Tiffany, 1958), après qu’il a utilisé les confidences de son groupe d’amies de la haute bourgeoisie new-yorkaise pour une histoire publiée dans le magazine Esquire, en 1975. Dans La Côte basque, 1965, référence au nom du restaurant où il fréquente celles qu’il surnomme ses "cygnes", Truman Capote détaille de sa plume acérée les mesquineries et tromperies des uns et des autres, et même un possible meurtre maquillé en accident. Et ce n’est que le début, puisque ce texte n'est qu'une partie d'un roman, Prières exaucées, qu’il vend à ses éditeurs comme son chef-d’œuvre proustien.
Le vilain petit Capote
Ses amies se sentent trahies, en particulier Babe Paley, ancienne rédactrice chez Vogue devenue une icône de la mode, et proche de l’auteur depuis près de vingt ans. Dans son récit, Capote expose les infidélités à répétition de du mari de Babe, Bill Paley, racontant par exemple que son amante, Happy Rockefeller, a laissé volontairement des traces de sang menstruel sur le lit conjugal dans le but de faire enrager sa rivale ! L'auteur s’était déjà inspiré de son amie pour créer le personnage de Holly Golightly dans son roman Petit Déjeuner chez Tiffany. Mais cette fois, la situation est différente, puisqu'il dévoile des confidences intimes. Devenu persona non grata au sein d’un milieu qui l’inspire et le dégoûte à la fois, l’écrivain noie son chagrin dans l’alcool et les drogues. “Sublimes et imperturbables à la surface de l’eau. Éblouissantes, inégalables, glissant avec grâce dans les bassins de la haute société." C’est avec admiration mais aussi une acuité féroce que le vilain petit canard décrit ses cygnes, qui le lui font cher payer....