En dépeignant une tumultueuse histoire d'amour gay entre deux joueurs de rugby, le film Dans la mêlée de Matt Carter offre une vision peu habituelle mais inspirante de ce sport associé au virilisme.
Sorti en salles ce mercredi 28 février, Dans la mêlée (In from the Side en VO) fait partie de ces films dont le scénario équivaut ni plus ni moins à un fantasme gay plutôt répandu. En l'espèce, deux joueurs de rugby qui chahutent sur le terrain… et sous les draps. Ce premier long-métrage du Britannique Matt Carter narre en effet la rencontre entre Mark et Warren, membres du même club LGBTQ+ mais dans des équipes différentes. Après s'être roulé des pelles en boîte de nuit, ils entament une idylle à l'abri des regards, le hic étant qu'ils sont tous les deux déjà en couple et que ce rapprochement peut avoir des conséquences désastreuses sur le club tout entier…
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En concevant ce film, le réalisateur tenait à ce que son récit soit ancré dans la réalité, loin des stéréotypes hollywoodiens. En tant que joueur, entraîneur et arbitre, son objectif premier était de refléter au mieux la culture du rugby et même, plus précisément, celle du rugby inclusif qu'il connaît depuis maintenant douze ans. "Il y a une vraie notion de fraternité, explique Matt Carter. On utilise fréquemment le terme de 'famille' dans le film et ce n'est pas pour rien. On joue avec ces gens, on socialise, on se prend parfois la tête… Et même si on ne s'apprécie pas toujours, on se tolère et on s'aime malgré tout. C'est exactement comme une famille."
Un plaidoyer sexy pour le rugby
Le cinéaste a bien conscience que le ballon ovale n'est pas toujours associé à ces valeurs bienveillantes. Pour de nombreuses personnes queers, le rugby reste perçu comme un sport qui met en avant un virilisme aux relents homophobes. "C'est un sport où il faut être solide et physiquement fort, donc on associe souvent ça à la notion de masculinité toxique mais je trouve que ce n'est pas justifié, reprend le réalisateur. Pour moi, la définition de ce terme renvoie au fait de réprimer ses émotions ou d'avoir recours à de la violence physique plutôt qu'à la discussion. Dans le rugby, on pratique l'opposé de ça, d'autant plus dans les clubs inclusifs comme celui qu'on dépeint dans le film. Je tenais à montrer une vision saine et positive de la masculinité."...