La nuit, entre livreurs d’alcool, de poppers et de CDB, on ne se fait visiblement pas de cadeau… Le prévenu assure avoir subi de la concurrence déloyale de la part de la victime, également livreur nocturne à Clermont-Ferrand.
La nuit des faits, vers 1 heure, mercredi, la complice du prévenu passe une commande à la victime à hauteur de 85 euros. Rendez-vous est pris dans une impasse du secteur du Brézet. Le livreur arrive quelques minutes plus tard, tombe sur la prévenue, mais refuse de s’engager dans l’impasse, "par sécurité". La jeune femme de 26 ans repart avant de revenir armée d’une bombe lacrymogène et d’asperger le livreur.
"L’objectif, c’était de discuter avec lui…""C’est mon erreur, je reconnais", admet la Clermontoise. La victime redémarre, top départ d’une cession de "stock-car". Les deux prévenus, à bord de deux véhicules différents, percutent à tour de rôle le livreur, avant de le bloquer rue Élisée-Reclus. "Je voulais pas lui rentrer dedans", assure la jeune femme. "Il a eu peur de mourir", rétorque Me Anne Paccard, partie civile.
Elle avait été chargée par le prévenu de soutirer le téléphone portable du livreur pour effacer ses contacts. "Tout s’est fait en une seconde. De base, j’étais super fatiguée, mon cerveau, il a voulu l’aider. Mon cerveau, il a pas fait stop, il a pas eu de recul", affirme la mise en cause. "À aucun moment elle n’a préparé quoi que ce soit", ajoute son conseil, Me Caroline Mayer.
Le "coup" était visiblement prémédité et aurait pu aller plus loin. Dans la voiture du mis en cause ont été retrouvés un poing américain, une corde et du scotch. "L’objectif, c’était de lui faire peur, d’être sérieux face à lui."
Était-il prévu de séquestrer et de saucissonner la victime ? "De mon côté, j’y ai pensé, ça faisait un moment que je déprimais à cause de lui, il utilisait mon compte, mes clients disparaissaient, j’avais un problème de fierté. J’aurais jamais dû en arriver là", relate le jeune homme, défendu par Me Justine Gandon.
Et si la BAC n’était pas arrivée ? "De base, je voyais ça comme un jeu d’acteur. L’objectif, c’était de discuter avec lui… J’aimerais qu’on se respecte mutuellement et qu’il fasse son travail de son côté. Je ne voulais pas de cette concurrence."
Fatih Ozturk est condamné à trois de prison, dont un avec sursis probatoire. Sa complice écope de deux ans de prison, dont un avec sursis probatoire.
Julien Moreau
