Dans l’histoire du rugby français, les Béziers - Brive ont une place à part. Le demi de mêlée Richard Astre et l’ouvreur Jean-Claude Roques rembobinent le film de leurs souvenirs avant le match de barrage, ce vendredi soir, 21 heures.
L’affiche suffit à faire remonter des souvenirs. D’intenses souvenirs. Douloureux du côté briviste. Heureux du côté biterrois. Un match entre Béziers et Brive n’est jamais vraiment tout à fait un match ordinaire. Dans les années 70, les deux clubs étaient des références.
Deux bastions imprenables qui se sont livrés d’épiques batailles avec, d’un côté, Alain Estève et Armand Vaquerin prestigieusement classés en 2006 par le journal The Times comme deux des dix joueurs français les plus effrayants et de l’autre, Roger Fite et Jean-Claude Rossignol, jamais les derniers pour sortir les gros bras.Des affrontements qui ont conduit à deux titres de champion de France pour Béziers en 1972 et 1975.
« Jean-Claude et Brive étaient resplendissants »Grand bonhomme de ces rencontres, Richard Astre n’a évidemment rien oublié de ces affrontements. « Avec du recul, je suis persuadé que c’est Brive qui nous a permis d’être aussi performants parce qu’avant nos titres, on avait été battus deux fois en huitième de finale. Ce club était resplendissant avec des internationaux à toutes les lignes. Il y avait un respect mutuel même si ce n’était pas flagrant sur le terrain. Pour les dominer, nous avions dû réfléchir sur notre jeu et nos méthodes. Je me rappelle qu’en demi-finale du championnat en 1974, on les avait battus en inventant la touche à cinq joueurs. À l’époque, l’alignement était à 3 ou était complet et pour ce match, nous avions testé autre chose avec notre première ligne dans la ligne de trois-quarts. Ça les avait complètement déstabilisés », confie depuis sa maison dans l’Hérault le petit Mozart du rugby français qui est resté encore très proche de plusieurs anciens brivistes de l’époque.
Ces derniers s’étaient d’ailleurs tous retrouvés en février dernier, pour une partie de golf. Les ex-Biterrois recevant les ex-Brivistes. Et comme sur le terrain, la bataille avait fait rage.
« Richard, il n’aime pas perdre. Quoi qu’il fasse, il faut qu’il gagne. Dans la règle ou non. Comme sur le terrain, tu as intérêt à faire gaffe avec lui, même quand tu joues au golf », se marre une autre légende des années 70, Jean-Claude Roques, emblématique ouvreur du CA Brive.
« À l’époque, Richard et Béziers étaient précurseurs parce qu’ils étaient déjà très professionnels dans leur approche. Quand nous pensions plus à la troisième mi-temps, Richard, avait, lui, déjà basculé sur la récupération et la préparation de la suite. On ne le surnommait pas le Roi Richard par hasard. Il était le parfait chef d’orchestre de cette équipe qui nous redoutait mais dont on n’a jamais réussi à prendre la mesure sur les finales », rembobine “Rocky”.
Si Richard Astre sera bien évidemment dans les tribunes du stade Raoul-Barrière, l’entraîneur biterrois de la grande époque, Jean-Claude Roques sera, lui, à Brive. Mais les deux amis ont déjà programmé leurs retrouvailles. Le 13 juin, du côté d’Aurillac pour une partie de golf organisée par Jean-Pierre Romeu.
A Béziers, Benjamin PommierPhotos tirées du livre Rugby au coeur, 100 ans d'histoire au CA Brive