Le 28 mars dernier, la carrière Monneron a changé de main, sans pour l’heure changer de nom. Jacques et Nathalie Petelet, qui avaient repris la société en 2001, l’ont cédée au groupe Roger Martin. Résultat d’une négociation et de pourparlers qui ont duré deux ans et fruit d’une décision du couple mûrement réfléchie.
Ils nous ont sollicités, mais nous n’étions pas vendeurs, nous, au départ. On a d’abord demandé à nos deux enfants s’ils ne voulaient pas reprendre, ce qu’ils auraient pu faire dans le cadre d’une reconversion professionnelle, mais ils nous ont dit non. Alors on a réfléchi et on s’est dit que c’était une opportunité qui ne se représenterait peut-être pas.
Voilà comment le proverbe « l’occasion fait le larron » a pris tout son sens. Et que Nathalie et Jacques Pitelet, âgés de 56 ans, se retrouvent à la retraite. Mais ça ne va pas durer ! « On a quelques pistes pour une nouvelle activité, car on ne pourra pas rester sans rien faire. Mais pour l’instant, on se repose ».
Selon Vincent Larrochette et Romain Thevenard, "les carrières Monneron sont un site idéal pour développer l'entreprise et péréniser son implantation à Ussel".
Un site idéalUne belle opportunité également pour l’entreprise de travaux publics dijonnaise. Implantée dans le Cantal, dans la petite commune d’Ussel, depuis 2012, pour rayonner sur une large partie de la région Aura, avec laquelle elle avait tissé des liens à l’occasion de nombreux gros travaux de terrassement, entre Clermont et Béziers, le long de l’A75, elle nourrissait, depuis plusieurs années déjà, d’autres ambitions. Et se fournissait en granulats auprès de Nathalie et Jacques Pitelet. Avec quelque 50.000 tonnes chaque année, « on était un des gros clients volumes de la carrière », estime Vincent Larrochette, directeur général.
On était à la recherche d’une opportunité pour acheter une carrière. Car à Ussel, on est un peu loin de nos bases, et sans moyen industriel.
Ainsi, en faisant l’acquisition d’une nouvelle carrière, la treizième du groupe, Roger Martin, fidèle à sa politique d’autonomie et d’indépendance, poursuit son développement, ancre l’agence cantalienne sur le territoire avec des perspectives de long terme et pérennise son implantation. Et les installations des carrières Monneron, à Vèze, où est exploité le gisement de basalte, et à Laval sur la commune de Neussargues en Pinatelle où il est concassé et criblé, sont idéales. Tant en terme de volumes, avec ses capacités d’exploitation de 150.000 tonnes par an, autorisées jusqu’en 2050, qu’au niveau environnemental, « car les granulats, ça ne voyage pas très bien, il y a un fort impact écologique », explique Vincent Larrochette. Sa proximité avec l’agence d’Ussel, est donc aussi un atout de taille qui a pesé dans la balance pour le choix de cette reprise.
Un choix toutefois restreint, car les carrières ne sont pas légion sur le territoire et « ouvrir une carrière en France, c’est quasi impossible », déclare Romain Thevenard, directeur des activités granulats et béton chez Roger Martin. Quant aux acquisitions, « elles sont, selon lui, des opportunités rares ». Celle-ci est « une belle démonstration de la volonté de développement du groupe ».
Quatre recrutementsPerformant, l’outil de travail du site de traitement de Laval devra cependant être remis aux normes en terme de sécurité. Des travaux conséquents, estimés à près de 300.000 €, mais obligatoires et qui seront complétés par des investissements volontaires sur le poste d’enrobage, pour recycler.
carrière roger martin neussargues
Les nouveaux propriétaires des carrières Monneron souhaitent également construire un bâtiment pour y aménager des locaux sociaux à destination de ses salariés (douches, vestiaires, cuisine…). Car s’ils sont actuellement deux (1 conducteur d’engins à temps plein et une assistante administrative à mi-temps), ils seront six à partir du 1er juin. L’entreprise a en effet recruté quatre nouveaux salariés : un chef de carrière, un chef de poste pour la partie enrobé et deux conducteurs d’engins. L’assistante administrative passera, elle, à temps plein.Mais en étoffant son équipe, l’entreprise de travaux publics ne pourra pour autant pas augmenter le volume d’extraction, dont le niveau actuel moyen est de 100.000 tonnes par an, frôlant parfois les 120.000, soit 8 à 10 tirs chaque année.
On est réglementé et plafonné à 150.000 tonnes annuelles.
Parmi les projets que souhaite également mener la société, dans les tout prochains mois, c’est acheter un bâtiment pour y installer son agence d’Ussel. « Car notre ADN, c’est d’avoir nos propres locaux et d’en être propriétaires », déclare le directeur général. L’occasion également de regrouper tout sur un seul site, de rationaliser et d’optimiser les conditions de travail de sa quarantaine de salariés, avec des locaux plus fonctionnels, un atelier pour la maintenance, un parking suffisamment grand pour abriter tous ses engins et une plateforme de stockage de ses matières premières.
Isabelle Barnérias