Trouver des écouteurs sans fil pour une poignée de pièces, un sac à main de luxe pour 20 euros. Ou tomber sur un lourd pavé de 300 pages sans grande valeur mais qui coûtera un gros billet.
Le phénomène de vente de colis mystère au poids s’empare des Français, ces derniers mois. Il s’invite dans l’agglomération montluçonnaise, à l’occasion d’un évènement dédié.
"On peut toucher les paquets pour deviner le contenu, les secouer, essayer de regarder en transparence…", énumère René Weis, le commerçant qui s’installe ce samedi à l’hôtel Kyriad de Saint-Victor avec environ une tonne de lots, allant de 50?grammes pour les plus petits à 10 kg pour les plus imposants. Prix de vente : 3 euros les 100 grammes, 30 euros le kilo.
Achats à l'aveugleAcheter à l’aveugle ou presque des colis perdus car jamais livrés, un concept qui prend de l’ampleur depuis son apparition dans la foulée de la loi antigaspillage de janvier 2022. Et qui profite de l’essor des ventes en ligne.
"On ne connaît ni le contenu, ni la valeur", insiste René Weis, qui explique travailler avec un fournisseur de la région parisienne faisant l’intermédiaire avec des plateformes européennes. Malgré les déceptions inhérentes, ce professionnel l’assure :
En moyenne, 80 % des personnes sortent satisfaites. Parfois, le colis ne convient pas à ce qu’on souhaitait, mais on fait un essai, et on le garde finalement. Ou alors on en fait profiter son entourage. Ou encore on revend pour retomber dans ses frais. Comme ça, il n’y a pas le sentiment d’avoir perdu son argent.
Lancé depuis quatre mois dans cette nouvelle activité, le Francilien vient pour la première fois dans le département après des passages dans l’Aube, la Côte-d’Or ou encore l’Yonne. Avec un succès variable mais qui ne se dément pas, rapporte-t-il.
Comment s’effectue le choix des lieux de vente ? "Je mène une petite étude", résume le professionnel indépendant. "Je sélectionne des villes moyennes, en regardant sur les réseaux sociaux si une opération du genre s’est déjà faite… Ici, il m’a semblé que c’était la première fois."
"Il faut savoir qu'avant, tout était incinéré"Rien de tel en l’occurrence, puisque la direction du Auchan de Domérat rapporte au moins deux ventes de colis perdus ces dernières semaines. L’enseigne, comme d’autres, décline pour sa clientèle ces loteries d’un nouveau genre, ainsi que des opérations dites chariots mystères.
Mais le phénomène reste à ses balbutiements, localement. Va-t-il durer dans le temps?? "Je pense, on ne va pas se mettre à détruire à nouveau ces colis", observe René Weis.
Mais comme toutes les modes, elle perdra peut-être un peu de son attractivité. Je pense que c’est surtout le système de vente qui va changer, avec de plus en plus de boutiques installées, essentiellement dans les grandes villes.
Pour le nouveau venu dans ce marché encore récent, le concept fonctionne auprès du public grâce à son côté ludique mais aussi écologique - son origine, que certains pourraient oublier. "Car il faut savoir qu’avant, tout était incinéré", explique René Weis.
Reste que des clients peuvent vite perdre la tête face à l’excitation du mystère, et le budget moyen tourne autour d’une centaine d’euros, rapporte le commerçant. Mais celui qui travaille au côté de son fils voit surtout des familles, des amis, venir profiter d’une distraction qui sort de l’ordinaire.
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"En fait, ça me fait penser à quand j’étais jeune", confie le quarantenaire. "Quand on allait à la boulangerie, nos parents nous achetaient des pochettes-surprises. J’adorais ça."
Vente de colis perdus, ce samedi 25 mai de 10 heures à 18 heures, à l’hôtel Kyriad de Saint-Victor.
Julien Pépinot