Le Festival de théâtre de rue 2024 d'Aurillac comptera moins de compagnies de passage qu'en 2023, qui était une année record. Un choix assumé de la part d'Eclat, qui tient à conserver de "bonnes conditions d'accueil" et mieux répondre aux attentes des compagnies.
Elles ont plus que jamais besoin de visibilité. Alors cette année, pour recevoir les compagnies de passage dans de bonnes conditions, Éclat a fait le choix de limiter. L’état des lieux « provisoire » dressé par Frédéric Remy lors de la conférence de presse, mercredi 22 mai, recense 668 compagnies inscrites. « Nous avons souhaité limiter les inscriptions légèrement, pour pouvoir accueillir les compagnies dans de meilleures conditions. » (L’an dernier, Éclat était monté à 742 compagnies.)
"L'an dernier, je parlais d'une situation difficile, après les années Covid, les reports de 2022, et force est de constater que la situation s'est encore aggravée. Si nous ne ressentons pas les coupes ici, à Éclat, les coûts ne cessent d'augmenter pour les compagnies. Les premières victimes sont les artistes, leur écosystème. Les gens qui travaillent avec eux."
On sent que des compagnies lâchent l'affaire.
"De plus en plus d'artistes ou de techniciens ne font plus leurs heures pour bénéficier du statut d'intermittent du spectacle. Et les deuxièmes victimes de cette situation qui perdure, ce sont les enfants. Notre jeunesse. C'est comment on voit un effritement de cette politique culturelle publique en faveur de la culture que l'on a connue depuis 30 ans. Comme pour le climat, c'est un héritage. Nous, on en profite bien et faisons en sorte que la jeunesse en profite aussi bien. C'est un choix. Le numérique prendra la place, s'il y a du vide."
Ces compagnies vont présenter 801 spectacles cette année, dont 15 % de créations 2024. Éclat installera 25 collectifs, qui rassemblent 269 compagnies. Les lieux différeront peut-être. « Nous avons échangé avec les collectifs pour appréhender l’organisation. Il existait jusqu’à présent de très gros collectifs. D’autres voulaient vraiment s’immerger dans l’espace public, dans les rues, pas juste dans un espace fermé. Nous avons donc tenté de générer une évolution pour retrouver des collectifs à taille humaine, et essayer de voir comment valoriser les écritures contemporaines. »
Moins de chapiteaux : un détail symptomatiqueAu total, 333 directions artistiques sont portées par des femmes, et 288 par des hommes. Le rendez-vous des compagnies de passage est international, avec 58 troupes étrangères : « Elles viennent de Belgique, d’Italie, d’Espagne, du Chili, de Slovénie, du Maroc, des États-Unis, de Thaïlande, d’Allemagne, d’Argentine, du Japon, de Lituanie… » C’est aussi un festival local, avec 95 compagnies implantées dans la Région Auvergne-Rhône-Alpes, « ce chiffre est en hausse ».Enfin, « c’est un bon indicateur de la santé des compagnies actuellement » :
L’an dernier, nous avions quatorze chapiteaux. Cette année, on en accueille quatre. C’est-à-dire que venir à Aurillac, faire la route, payer l’essence, implanter des spectacles… Ça coûte très cher et les compagnies n’ont plus les moyens de payer cet instant de visibilité pourtant nécessaire.
Anna Modolo
