Avant de prendre officiellement seul la succession de Pascal Gastien au Clermont Foot, Sébastien Bichard évoque la prochaine saison et le mercato à venir. Il dévoile aussi quelques-uns de ses principes, et sa méthode.
La Ligue 2 : "On sera attendu au coin du bois"
On ne peut pas empêcher les gens de penser qu’un club qui descend doit ou a envie de remonter. Vous êtes prêt à assumer ça ou c’est prématuré ?
« C’est le schéma classique, aux yeux des gens. Pour moi, il y a deux schémas : le classique, avec la volonté de remonter, et un second, qui est de se dire "attention". Je pense qu’il faut être mesuré aujourd’hui. Trois années en Ligue 1, pour Clermont, c’était quelque chose d’exceptionnel. Mais on y a goûté, on a envie d’y revenir, évidemment. Le club a grandi, tout le monde a évolué autour de cette promotion en Ligue 1, à tous les niveaux. »
L’équipe sera très attendue en L2…
« On sera attendu au coin du bois oui, mais pour moi, aujourd’hui, c’est trop tôt pour dire si on va jouer ci ou ça. La saison sera longue, il y aura des hauts, des bas, le départ sera important. Il faut aussi se laisser la possibilité de reconstruire quelque chose, avec une forme de continuité, de passation. J’aimerais bien évidemment dire comme tous : "On va jouer le haut de tableau, allons-y gaiement". Mais je n’ai pas cette personnalité, je suis mesuré. Là où je vais m’engager, c’est dans les vraies valeurs qui doivent transpirer de cette équipe, qui ont toujours été là. C’est le minimum qu’on attend du Clermont Foot, en continuant à proposer un jeu attractif. »« J’aimerais bien évidemment dire comme tous : "On va jouer le haut de tableau, allons-y gaiement". Mais je n’ai pas cette personnalité, je suis mesuré. »
Vous allez être le premier exposé, vous êtes prêt pour ça ?
« Je pense que je ne vais pas forcément changer. Je sais appeler un chat, un chat. Je vais plutôt m’adapter. Ce n’est pas simple quand vous arrivez comme entraîneur principal dans un lieu où le club est le club phare de la région, et que vous devez gagner des matchs. Mais ça fait partie du job. »
Vous savez déjà ce que vous voulez pour votre groupe ?
« On n’a pas pris encore de décision, mais j’ai une idée assez claire, assez précise, de ce que je veux. On veut entretenir un état d’esprit, un engagement au quotidien. »
Votre staff va-t-il évoluer ?
« Je ne suis pas pour le nombre, pour les joueurs comme le staff. Je suis pour la compétence. Ici, il y en a beaucoup, dans tous les domaines. Donc il faut déjà les réunir pour ce qu’on veut mettre en place au club. Et c’est comme partout, il y a des gens avec qui ça va adhérer, et d’autres moins. Donc, je suis actuellement en discussion avec les gens du staff. »
Le club voudra conserver certains cadres. Où en êtes-vous ?
« Je m’attache déjà à ceux qui sont désireux de rester à 100 %. Après, il y a la réalité des contrats et du marché. On achève les discussions cette semaine et après, oui, on aura une ligne directionnelle. »
Pour votre recrutement, vous avez une liste de noms, un choix n° 1, n° 2, etc. ?
« Le nom des joueurs, non. Mais j’ai une liste assez claire de profils par rapport au jeu, à l’état d’esprit et à l’équilibre de l’équipe. Avec ce que j’ai pu observer, il y a un développement athlétique à faire. Il y a encore une inconnue sur les joueurs qui restent et ceux qui partent. Il y a une liste de joueurs suivis, qui ont été vus et revus, maintes et maintes fois, pour qu’on soit sûr. »« J’ai une idée assez claire, assez précise, de ce que je veux. On veut entretenir un état d’esprit, d’engagement au quotidien. »
Neto Borges ne semble pas contre l’idée de rester, peut-il être un pivot ?
« Pivot, oui, comme d’autres. Avec Neto, j’ai trouvé un garçon qui s’est engagé avec un très grand professionnalisme, qui était aussi déçu de ses performances. Il est attaché au Clermont Foot, le club est attaché à lui, donc il y a eu des discussions. Il est clair avec ce qu’il veut. Avec moi, il l’a été et il y a des choses qui doivent se mettre en place. Il est ouvert. »
Et Rashani ?
« Pourquoi pas, mais ils n’ont pas le même âge et ils ont des visions différentes. Elba va partir en sélection et c’est en discussion. Il lui reste une année de contrat aussi, donc, tout est ouvert mais c’est trop tôt pour conclure quelque chose. Mais son état d’esprit est intéressant. »
Allez-vous limiter le groupe, comme le faisait Pascal Gastien ?
« Oui, vingt joueurs, ce serait l’idéal, avec quelques jeunes en plus, pour ne pas dépasser 22 joueurs de champ. Pour les jeunes, leur seule pression sera de travailler, de garder leur insouciance en prouvant les choses. »« Avec Pascal, j’ai pris beaucoup de plaisir. On était animés par la volonté de s’en sortir, même si l’environnement n’était pas simple vous pouvez l’imaginer. Je voulais aussi que les gens apprennent à me connaître pour embrayer sur la suite. Pascal m’a apporté beaucoup par son expérience, de l’intérieur du réacteur. »
Sébastien Bichard se dit plutôt attiré vers le 4-3-3. Mais il se veut ouvert…
Avez-vous un système de jeu préféré ?
« Oui, même s’il n’y en a pas qu’un seul. La priorité, c’est de s’adapter aux joueurs à disposition. Mais j’aime bien le 4-3-3 et le 4-2-3-1. Mais c’est un système de départ. Je suis assez ouvert. »
Quelles sont vos influences en tant qu’entraîneur ?
« J’ai connu ce que faisait le grand Barcelone donc automatiquement, en ayant travaillé avec des jeunes au début, dans ma construction, c’est vrai que ce que le Barça faisait m’a énormément influencé. Mais ce qui était important pour moi, c’était de me définir avec ma propre personnalité. Parce qu’il ne faut pas se tromper : copier quelqu’un, ce n’est pas possible. »
Des entraîneurs vous ont-ils influencé ?
« Je me suis inspiré de tous les coachs, je recherche beaucoup, j’ai énormément voyagé et j’ai étudié toutes les méthodologies de travail. Par contre, très tôt, j’ai eu ma personnalité et de ça déclinent des principes et ma manière de travailler. Après, je suis allé dans de nombreux clubs, j’ai visité Brighton chez De Zerbi, il y a plein de choses qui m’intéressent avec l’utilisation du ballon, la passion mise dans quelque chose. Ce ne sont pas les outils pour moi, les plus importants, c’est ce que vous cherchez derrière et quelle passion vous y mettez. Quand l’équipe arrive à vous ressembler, quand on tire tous à la même corde, ce qu’on met au quotidien, ça transpire dans ce que vous voyez le week-end. Je veux faire progresser les joueurs, individuellement également, et l’équipe parce que c’est aussi la clef, notre travail, c’est que les gars progressent, c’est comme ça qu’on avance. »
Propos recueillis par Jean-Philippe Béal, Laurent Calmut et Valéry Lefort
