Ni pire, ni mieux qu'ailleurs. De passage dans la métropole clermontoise, Pascal Brice, le président de la fédération des acteurs de la solidarité, y a retrouvé ce qu’il voit partout en France : la précarité s’enracine malgré la baisse du chômage.
Le président de la fédération des acteurs de la solidarité, Pascal Brice, s'est déplacé dans le Puy-de-Dôme, mardi 21 et mercredi 22 mai, pour "prendre le pouls" des associations et des travailleurs sociaux en première ligne dans la lutte contre les travailleurs sociaux. Pendant deux jours, il a enchaîné les rencontres (le préfet du Puy-de-Dôme, l’association CeCler, le CCAS de Clermont-Ferrand), avant de rendre visite, ce mercredi, à deux entreprises du « territoire zéro chômeur longue durée » à Gerzat (Jardins solidaires et Job’EBE) et de conclure par un déjeuner au 6.3, le restaurant d'insertion installé au premier étage de la Coopérative de mai.
Quel constat au terme de ce séjour dans la métropole de Clermont ? "Je vois ici ce que je vois un peu partout en France et qui est pour moi une problématique majeure : vous avez 6 % de chômage et des problèmes de précarité qui s’enracinent dans certains quartiers et s'étend, du point de vue de l'accès aux soins, à l'alimentation, au travail, au logement".
Qui sont les victimes de cette précarité ? "Les étudiants, les femmes seules avec des enfants, les personnes qui ont une petite retraite, les étrangers qui n’obtiennent pas de titre de séjour... La préoccupation de nos associations, c'est de faire comprendre qu'en réalité, alors même que le chômage a tendance à baisser, on a plus que jamais besoin d'être très volontaristes dans la lutte contre la pauvreté et la précarité. A Clermont, vous avez une métropole très mobilisée sur ces question-là, de manière très consensuelle, et un préfet très attentif".
Les associations peuvent-elles faire face ? "Elles sont là et leur travail est très précieux. Celles que j'ai vues à Gerzat et à Clermont proposent des réponses adaptées pour favoriser l'accès à l'emploi. Mais elles sont très affaiblies, fatiguées, d'autant plus qu'un climat général assez stigmatisant s'installe dans le pays. Toutes les associations sont en grande tension, financière et humaine, mais je ne suis pas sûr que les pouvoirs publics nationaux l’aient bien compris".
Une action que vous n’aviez pas vue ailleurs ? "Oui, j’ai découvert un très beau projet de CeCler avec le service du professeur Brousse, au CHU, sur l’accompagnement vers l’emploi des personnes qui ont des problèmes d’addiction. Beaucoup de gens ont des difficultés d'accès à l'emploi parce qu'ils ont des problèmes d'addiction, qui se mélangent souvent avec des problèmes de santé mentale. C'est un très beau travail, exactement le genre d'avancée que notre fédération va pouvoir appuyer au niveau national".
Connaissez-vous la situation des demandeurs d’asile qui occupent la Maison du peuple, à Clermont-Ferrand ? "C’est une situation que je vois trop souvent, où on s’enferme dans des impasses. C’est une impasse pour les familles qui sont baladées de l’hôtel à la rue, pour les associations qui les accompagnent, pour les élus qui font ce qu’ils peuvent et pour l’Etat qui a l'impression d'y consacrer beaucoup d'argent. Il faut qu'on sorte de ces impasses-là. Ce qu’il faut surtout, c’est qu’on s’attaque enfin aux raisons qui font que des gens se retrouvent à la rue".
La fédération des acteurs de la solidarité regroupe plus de 900 associations et organismes qui agissent pour la solidarité. Ces structures représentent environ 2.800 établissements et services, qui représentent notamment 90 % des centres d’hébergement et de réinsertion sociale, un grand nombre d’accueils de jour et de logements pour les plus précaires, la majorité des places d’accueil pour demandeurs d’asile et réfugiés et plus de 500 structures d’insertion par l’activité économique.
Isabelle Vachias
