Camille Charret champion de France juniors : dix choses à savoir sur la nouvelle pépite auvergnate

Dimanche 12 mai, à Altkirch (Haut-Rhin), Camille Charret est devenu le premier cycliste auvergnat à remporter le championnat de France juniors sur route (*). Qui est ce jeune Altiligérien (17 ans) qui a réussi là où Bardet, Alaphilippe et bien d'autres ont échoué avant lui dans la quête du maillot tricolore ? En dix points, faisons mieux connaissance avec le talentueux coureur de Vieille-Brioude, à la fois puncheur rouleur et excellent pistard.

1. Il a débuté à l'école de vélo du VS Brivadois, comme Romain Bardet

Camille Charret, qui vit à Vieille-Brioude, a un point commun avec Romain Bardet. Tout comme le grimpeur et leader de la DSM-firmenich, il a fait ses premiers tours de roues à l'école de cyclisme du Vélo Sport Brivadois. Le déclic s'est produit lors du passage du Tour de l'Avenir à Brioude, le 24 août 2014 (arrivée de la première étape). Il a 8 ans quand le Norvégien Kristoffer Skjerping s'impose dans les rues de la cité saint-Julien et il dit à ses parents : "Je veux faire ce sport".

Il faisait déjà de la natation en club et l'a arrêté après quelques années pour ne se consacrer qu'au cyclisme, où les premiers résultats, "au niveau national", sont arrivés "dans les rangs cadets". "Au début, je n'avais pas forcément de bons résultats. C'est venu avec le temps et surtout les entraînements".

Le jeune Brivadois a dès 13 ans quitté le giron du VSB pour rejoindre un club plus tourné vers la compétition, dans la métropole auvergnate. Arrivé en minime 1re année à l'Étoile Cycliste de Clermont, il a notamment côtoyé Artem Fofonov (19 ans), passé professionnel en janvier dernier et rencontré David Paquet, qui est toujours son entraîneur.

Durant 4 saisons, il porte les couleurs du club clermontois avec lequel il décroche des victoires, comme sur le Mini tour Creusois en 2022 mais il lui faut encore changer de structure pour voir plus haut.

Début 2023, il rejoint l'équipe juniors d'un des tout meilleurs clubs de l'hexagone, pensionnaire de la Nationale 1.

"Je voulais participer à des épreuves plus importantes et malheureusement en Auvergne, il n'y a pas de clubs qui proposent des calendriers internationaux en juniors. J'ai fait le choix de partir dans un club de Rhône-Alpes, au Vélo club Villefranche-Beaujolais et ça m'a bien réussi. C'est un club où je m'épanouis totalement. J'y ai trouvé ma place rapidement."

En septembre 2021, Camille Charret a fait sa rentrée au lycée Jean-Moulin de... Saint-Amand-Montrond, dans le Cher. Parce qu'il a intégré le pôle d'entraînement cycliste où il côtoie "une quinzaine de jeunes coureurs" et peut rouler du lundi au jeudi, grâce à des horaires aménagés. "Du coup, ça stimule bien. On est toujours poussé vers le haut, au niveau sportif et même à l'école". 

D'ici à quelques semaines, élève en terminale générale, il passera les épreuves du baccalauréat. "J'espère avoir mon bac, ce serait un autre beau résultat et aussi un soulagement", avoue le lycéen, moins à l'aise stylo en main. "Avec les déplacements et mes résultats en progression, c'est compliqué de concilier les deux (études et sport de haut niveau). Je fais comme je peux. Beaucoup dans ma situation ont réussi, alors pourquoi pas moi !"

Depuis qu'il est pensionnaire dans le Boischaut, Camille Charret a pour entraîneur au pôle saint-amandois Franck Alaphilippe, le cousin de Julian et ancien coach de la Soudal Quick-Step. Mais il est toujours conseillé, les week-ends et lors des vacances, par David Paquet qui le suit depuis ses 12 ans.

"C'est à lui que je dois tout", assure le double champion de France, témoignant de sa reconnaissance. "Franck et David ont réussi à bien se coordonner. Cela a fonctionné dès le début et cela marche toujours bien. Ils sont sur la même longueur d'ondes."

Camille Charret n'est pas qu'un routier. À l'image d'un Léo Bisiaux qui se partage entre route et cyclo-cross, lui aussi excelle dans une autre spécialité du cyclisme, en l'occurrence la piste. Il fait partie du collectif France et a déjà participé à plusieurs stages nationaux.

Dès la mi-janvier, l'équipe de France l'a aligné sur une compétition internationale juniors à Apeldoorn, aux Pays-Bas. Et il compte bien être du voyage en Chine, aux Mondiaux piste, fin août à Luoyang. "J'espère performer, notamment en poursuite individuelle. C'est le prochain objectif de ma saison."

Un deuxième gros temps fort après la semaine des championnats de France de l'avenir, d'où il est revenu avec trois médailles. "Ça devrait le faire pour la sélection, normalement, vu que je suis dans le collectif France. Après, il faudra attendre une validation de la Fédération pour savoir si on y va vraiment."

Quatre jours avant son exploit sur la course en ligne, Camille Charret (ici à droite) avait décroché la médaille de bronze du contre-la-montre individuel, épreuve qu'a remporté son coéquipier d'Auvergne-Rhône-Alpes Paul Seixas. Photo Patrick Pichon / FFC 

Si à Altkirch, le Brivadois a remporté deux titres nationaux, à deux jours d'intervalle la semaine passée (en relais mixte le vendredi et en course en ligne le dimanche), ce n'était pas la première fois qu'il a entendu la Marseillaise en étant sur la plus haute marche du podium d'un championnat de France. "J'avais déjà eu des maillots tricolores, rappelle-t-il. J'ai gagné trois titres sur piste, l'été dernier à Roubaix". Ceux de la poursuite individuelle, de la poursuite par équipes et de l'Américaine.

Pour autant, sa victoire en solitaire, dimanche, a été la plus forte en émotion.

"Cela fait plaisir d'avoir ce maillot après tous les sacrifices que j'ai fait pour atteindre cet objectif. C'est le plus beau de mes maillots (tricolores). (...) C'était un exploit et je vais mettre du temps à réaliser. Je le ferai quand je vais pouvoir porter ce maillot sur les courses. Ça va être vraiment beau."

Il est dans les petits papiers de l'entraîneur national, Julien Thollet, depuis le début de saison. Reste que son titre à Altkirch lui vaut une prochaine sélection en équipe de France, sur le Tour du Pays de Vaud, en Suisse, du 23 au 26 mai. 

"Ça va être quelque chose, s'enthousiasme l'Auvergnat. J'avais déjà discuté avec le sélectionneur avant les France. Mais c'est vrai que ma victoire a fait pencher la balance de mon côté. Julien Thollet m'a demandé si ça m'intéressait de venir au Tour du Pays de Vaud. Oui, bien sûr ! On ne refuse pas une sélection en équipe de France."

Ce sera la deuxième fois de sa jeune carrière qu'il représentera son pays en course, après l'avoir déjà fait sur Paris-Roubaix juniors, dont il s'est classé 51e, le 7 avril.

Il aimerait évidemment prolonger son bail avec la sélection et se faire une place pour les Mondiaux sur route, fin septembre à Zurich (Suisse). "On a un très bon collectif, je ne pense pas en être le leader, mais je ferai tout pour que l'équipe ramène le titre (de la course en ligne)", assure d'ores et déjà le jeune Auvergnat, pouvant aussi prétendre à une sélection pour le contre-la-montre, dont il a pris la 3e place aux France d'Altkirch. 

Plus jeune, il était un grand supporter de Romain Bardet. Mais ce n'est plus le Brivadois, ni d'ailleurs Julian Alaphilippe, qui vient régulièrement à Saint-Amand rencontrer les jeunes du pôle d'entraînement, lequel porte son nom, qui l'inspirent aujourd'hui.

"Mon coureur favori, maintenant, c'est Mathieu Van der Poel (le Franco-Néerlandais, actuel champion du monde sur route, ndlr). C'est quelqu'un qui ose pour gagner une course et qui n'a pas peur de perdre. Il a du panache, de l'envie. Ça me plait beaucoup."

En sortant des juniors, il n'envisage pas de signer pro, alors que son titre a déclenché plusieurs sollicitations en ce sens. "C'est un peu compliqué de faire le choix entre chaque proposition, je me laisse encore du temps."

A priori, il ne changera pas d'idée malgré cet intérêt. "Je vais rester dans mon club, surtout qu'il m'a bien formé. Je dois rendre la pareille à mes dirigeants, qui s'occupent bien de moi. Je vais courir en National 1 avec Villefranche la saison prochaine, pour évoluer encore au niveau amateur et avoir plus de chances de performer chez les pros par la suite."

Il estime avoir besoin d'engranger de l'expérience avant de franchir le Rubicon. "Un an en National 1 et après rejoindre les rangs d'une équipe continentale, en France ou à l'étranger, peu importe." 

Un avenir qui passera aussi par des études supérieures, si bien sûr il décroche son bac. "Au niveau scolaire, j'aimerais me diriger vers une licence en Staps, à Lyon ou ailleurs."

Avec le Riomois Léo Bisiaux, champion du monde de cyclo-cross, l'an passé chez les juniors et l'Issoirien Louis Chaleil, révélation du début de saison en U19 avant d'être stoppé par une fracture de la clavicule, le Brivadois Camille Charret fait partie d'une génération de coureurs auvergnats hyper talentueux.

D'un an leur aîné, Bisiaux, déjà pro à 19 ans, est un peu le grand frère de Chaleil et Charret, lesquels suivent le même chemin vers l'excellence.

"Je connais bien Léo, dit le champion de France. J'ai couru avec lui dès les minimes. En cadets, je suis allé sur les Coupes de France avec lui, son père, mes parents... Et l'an dernier, ça nous est arrivé d'être sur les mêmes courses. C'est un exemple pour moi". Un exemple qu'il compte rapidement imiter en se faisant lui aussi une place chez les professionnels.

(*) Aux championnats de France de l'Avenir, Camille Charret s'est offert une médaille sur les trois épreuves qu'il a disputées. Avant sa victoire dans la course en ligne juniors, il avait décroché deux jours avant la médaille d'or du relais mixte par équipes et un peu plus tôt encore le bronze du chrono individuel.

Raphaël Rochette