Policiers, gendarmes, pompiers, agents de la RATP, de la SNCF, éboueurs, soignants, contrôleurs aériens…, les salariés appelés à travailler durant les Jeux olympiques mettent la pression les uns après les autres pour obtenir des compensations financières.
Les mouvements de grève qui en découlent, comme mardi à la SNCF dans toute l’Île-de-France, pourraient passer comme un moyen de pression cousu de fil blanc si ce n’est que les contraintes sont réelles, la plus forte étant de devoir renoncer aux vacances d’été en famille. Sans parler des risques démultipliés qui planent sur la grand-messe du sport : attentats, épidémies…
Et comme à Londres en 2012 et à Rio en 2016, le bras de fer tourne, jusque-là, systématiquement en faveur des grévistes, tant la crainte est grande, pour les pouvoirs publics, de voir les transports, la sécurité ou la propreté faire défaut devant les yeux du monde entier.
Policiers et gendarmesGérald Darmanin a été le premier à dégainer. Le ministre de l’Intérieur a réglé l’affaire en quinze jours. Mobilisées à la mi-janvier, les forces de l’ordre ont obtenu gain de cause fin janvier. L’enveloppe prévoit une prime de 1.900 euros pour les policiers et les gendarmes engagés en Île-de-France (1.600 euros dans un autre département accueillant une épreuve olympique) et une indemnité de 50 euros par nuit pour tous les policiers déplacés au moins cinq jours sur des missions de sécurité ou en lien avec les JO. En contrepartie, l’État exige une « mobilisation à 100 % » des agents avec seulement dix jours ouvrés de congés possibles entre le 15 juin et le 15 septembre.
RATPJean Castex n’a pas mis longtemps, non plus, à céder aux revendications. L’enjeu pour le patron de la RATP était énorme. Moins dans la charge de travail estimée à 9,5 millions de passagers, contre 11,5 millions habituellement, que dans la garantie de disposer d’assez de bras pour faire face à l’événement. C’est chose faite depuis le 15 mai. La prime allouée aux 30.000 agents mobilisés se situera autour de 1.000 euros, les conducteurs du métro et du RER ayant obtenu entre 1.600 et 2.500 euros.
SNCFEffet boule de neige ? Les cheminots du bassin parisien réclament une prime similaire à celle de la RATP. La grève était massive, mardi, dans toute l’Île-de-France, avec un à deux trains en circulation sur cinq. L’objectif des syndicats, la CGT et SUD-Rail en tête, était de frapper les esprits à la veille d’une réunion conclusive sur les primes. La direction de la SNCF propose 50 euros bruts par jour aux salariés pendant les JO et 200 à 500 euros en plus selon la période. Le syndicat SUD-Rail réclame une prime de 100 euros nets par jour, une prime de 1.000 euros et une revalorisation générale des salaires.
ÉboueursLes poubelles ne devraient pas déborder dans les rues de la capitale durant les JO. Cette fois, c’est la mairie de Paris qui n’a pas traîné. Quelques heures après le début d’un mouvement de grève, un accord a été trouvé le 15 mai. Les agents de la propreté toucheront une prime entre 600 et 1.900 euros en fonction du « degré d’intensification de la charge de travail ». Près de 40 % des effectifs la percevront, soit 20.000 agents.
HôpitauxDu côté de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris, les négociations ont abouti à des primes dont le montant varie entre 800 euros pour les salariés en catégorie C et 2.500 euros brut pour les médecins. Sont concernés les agents qui travaillent au moins une semaine durant les JO dans quelque 80 services hospitaliers mobilisés et qui ne bénéficient pas de trois semaines consécutives de vacances cet été.
Transport aérienLes syndicats d’Aéroports de Paris ont appelé les agents à se mettre en grève hier afin de demander « une gratification homogène » pour tous les agents. Pour l’instant, elle s’élève à 70 euros brut par vacation et par volontaire, mais uniquement pour les 1.500 volontaires qui viendront renforcer les effectifs. Les contrôleurs aériens sont bien mieux lotis. Selon Les Échos, ils sont parvenus à obtenir des augmentations salariales jusqu’à 1.000 euros de plus par mois ainsi que 18 jours de récupération supplémentaire et un compte épargne temps déplafonné.
PompiersIls veulent être traités « comme les policiers et les gendarmes ». Le 16 mai, plusieurs milliers de pompiers ont manifesté à Paris pour réclamer la même gratification que les forces de l’ordre.
Nathalie Van Praagh