Les pièces d’or léguées par la grand-mère, les alliances des parents défunts, la bague de fiançailles… Hier, mardi 21 mai, le tribunal de Tulle a détaillé la liste des bijoux emportés, entre octobre 2023 et mars 2024, à l’issue de multiples cambriolages en Corrèze, en Haute-Vienne ou encore en Dordogne. Dans la salle, quelques-unes des victimes étaient là pour tenter de comprendre pourquoi la mauvaise fortune avait voulu que les cambriolages aient été commis chez eux.
Preuves accablantesDevant ces gens, un peu embêtés de dire devant des juges ce patrimoine sentimental inestimable désormais envolé, Karim El Ghmimi, 29 ans. Le presque trentenaire au profil peu sportif porte un bas de jogging blanc assorti à son t-shirt décoré de palmiers. Il est mis en cause pour une dizaine de faits de vols avec effraction. Le tribunal comprend vite que le prévenu qui parle vite ne veut pas tomber pour ces cambriolages. Des dénégations difficiles, pourtant, car les éléments à charge que lui oppose le tribunal sont nombreux.
« Comment se fait-il, si ce n’est pas vous, que beaucoup de bijoux provenant des habitations cambriolées ont été retrouvés chez vous lors des perquisitions ? », s’interroge la présidente. « C’est pas moi. J’ai tout acheté à des Roumains, je savais pas d’où ça provenait », répond tout de go l’homme de petite taille à la barbe en broussaille.
C’est pourtant bien cette silhouette que des voisins, ici, ou des images de caméra de surveillance, là, ont saisie à l’occasion d’effractions. C’est pourtant ce même homme qu’un autre témoin n’hésitera pas à désigner sur le tapissage effectué par les enquêteurs. « Ça peut aussi être un sosie, je sais pas, moi. Je sais juste que c’est pas moi qui ai fait ça ! », s’est entêté le prévenu. Au risque d’agacer et la présidente et la procureure de la République, qui a qualifié le mis en cause de « cynique ».
« Vous êtes un voleur et un menteur ! »« Monsieur, vous êtes un voleur et un menteur », a assené la magistrate du Parquet à celui dont le casier judiciaire porte trace de neuf mentions. Au terme du « travail de fourmis » effectué par les enquêteurs, cinq ans de prison ferme avec maintien en détention sont requis. « Il faut être gonflé pour offrir à la mère de ses propres enfants un bijou volé. Cadeau qui fait d’elle une receleuse ! »
La plaidoirie de la défense, jugeant que les investigations laissaient place au doute, n’a pas convaincu les juges, qui ont entièrement suivi les réquisitions. Peu avant, un homme victime avait timidement témoigné : « Ces bijoux, ce sont des souvenirs de famille, c’est surtout ça leur valeur. Aucun n’a été retrouvé… »
Bijoux sans propriétaire. Un site Internet répertorie divers effets retrouvés lors de perquisitions, dont les propriétaires n’ont pu être identifiés. Les victimes de cambriolages peuvent s’y rendre et, si elles reconnaissent un bien volé, se signaler. Site : www.mes-objets-voles.fr.
Julien Bachellerie
