Vingt ans après avoir évolué ensemble une saison comme joueurs, Pierre-Henry Broncan et Goderzi Shvelidze seront de retour en terrain connu à Béziers, ce vendredi, à la tête du CAB. À l’époque entraîneur, Jean-Pierre Élissalde raconte ses souvenirs des deux techniciens.
Au fil de sa riche carrière, Jean-Pierre Élissalde en a vu passer des joueurs entre ses mains. Des centaines de joueurs. Mais certains l’ont marqué plus que d’autres.
Comme un certain Pierre-Henry Broncan qu’il avait eu à Béziers, lors de la saison 2003-2004 en même temps que… Goderzi Shvelidze arrivé, lui, en terres biterroises deux ans plus tôt.
« Cette saison a été spéciale dans ma carrière parce qu’on aurait dû descendre en Pro D2 mais on a finalement été sauvé par la relégation administrative de Bordeaux Bègles. Et au final, on parvient à se hisser jusqu’en play-offs », rembobine Élissalde alors seul entraîneur en poste qui avait pu compter sur Broncan comme principal relais sur le terrain.
« Pierre-Henry était ma pensée armée. Il était déjà stratège et surtout un passionné de ce jeu. C’était clairement mon second. Nous avions aussi la même sensibilité pour le combat et le jeu d’avants », sourit Jean-Pierre Élissalde qui se rappelle de rencontres mémorables remportées devant.
« Cette saison 2003-2004, on n’avait pas beaucoup fait chanter le ballon hein (rires). On avait battu le grand Stade Toulousain grâce à nos mêlées et nos ballons portés parfaitement cornaqués par Broncan. Il a toujours aimé ça. Il a toujours aimé s’appuyer sur cette dimension physique, c’est ancré en lui. J’ai aussi en tête cette incroyable bagarre face à Perpignan… »
Pas étonnant alors de voir le CA Brive s’appuyer avant tout sur sa conquête ces dernières semaines. Les victoires à Vannes et surtout contre Biarritz ont été rendues possibles grâce à un paquet d’avants conquérant.
« Je déteste le rugby à toucher, le rugby à VII, les matchs amicaux… Le ballon porté dans le rugby actuel, c’est l’arme numéro un à maîtriser. On l’a vu face au BO, ça n’est pas joli, il n’y a aucune passe mais moi, ça me plaît, tout comme aux passionnés en tribunes. C’est collectif et notre sport est collectif. Je ne connais pas une équipe qui performe sans cela », avait lâché le manager du CAB vendredi soir dernier.
Un discours enraciné au plus profond de lui, inculqué par son paternel, mais aussi par Jean-Pierre Élissalde il y a vingt ans. « Dans toutes mes équipes entraînées, j’ai toujours pris en compte l’ADN du club et son histoire. À Béziers et à Brive, la culture du combat est forte et il ne faut jamais se renier », renchérit le technicien qui se rappelle aussi encore parfaitement du jeune joueur qu’était Goderzi Shvelidze à l’époque.
« Son surnom d’Obélix lui vient de ces saisons-là. C’était une force de la nature et pour un entraîneur, c’était un travailleur acharné, modeste et discret. Tout le monde suivait dans son sillage et je ne suis pas étonné de le retrouver dans le staff avec Pierre-Henry. Les deux se comprennent. »
Benjamin Pommier