Un peu plus de 90 agriculteurs bio, venus de plusieurs régions, se sont réunis ce mardi 21 mai à Limoges pour dénoncer des retards de paiement des aides de la Politique agricole commune (PAC) qui « persistent ».
Nouvelle-Aquitaine, bien sûr, mais aussi, en force, Centre-Val de Loire (Cher, Indre, Indre-et-Loire, Loiret, Loir-et-Cher…), ou encore Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes : un peu plus de 90 agriculteurs bio ont fait le déplacement jusqu’à Limoges, ce mardi 21 mai, à l’occasion d’une mobilisation organisée par le réseau FNAB (Fédération nationale d’agriculture biologique).
Dans le viseur de cette mobilisation interrégionale et aussi, comme avancé par les organisateurs, « intersyndicale » ? Les retards de paiement des aides PAC qui, « malgré les annonces rassurantes », « persistent » et « touchent de plein fouet les agriculteurs bio engagés dans la transition agroécologique ».
« Le Gouvernement avait annoncé que toutes les aides PAC seraient versées au 15 mars et il s’avère que dans l’agriculture bio, mais aussi pour tous ceux qui sont engagés dans des mesures agroenvironnementales et climatiques, les jeunes qui s’installent, les apiculteurs et un certain nombre d’autres agriculteurs, nous n’avons toujours pas touché les aides européennes qui nous sont dues, recontextualisait ce mardi 21 mai matin Emmanuel Bourgy, coprésident de Bio Centre, association interprofessionnelle regroupant les acteurs de la filière agricole biologique de la région Centre-Val de Loire. Cela fait plusieurs mois de retard et on vient dénoncer cet état de fait. »
Exploitations fragiliséesCar la situation, selon les principaux concernés, « ne peut plus durer » tant « ces retards mettent en difficulté les exploitations bio engagées dans des mesures qui permettent vraiment d’accompagner la transition agroécologique de l’agriculture », résumait Emmanuel Bourgy. Et d’insister : « L’État se doit d’honorer ses engagements le plus rapidement possible. On ne peut pas accepter, dans la crise actuelle que vit la bio, que des retards continuent, perdurent et accentuent encore cette crise. »
Installé en bio depuis 10 ans sur une exploitation céréalière dans le nord de la Haute-Vienne, Thomas Lemoine, président d’Agrobio 87, association ayant pour objet le développement et la promotion de l’agriculture biologique dans le département, faisait, lui aussi, part de son incompréhension : « On fait des efforts environnementaux et derrière, on n’est pas considéré. L’État dit : il faut faire plus de vert et on ne nous suit pas, on n’est pas pris en compte. » De quoi donner un peu de relief à l’expression « L’agriculture biologique, dindon de la PAC », largement utilisée lors de cette journée.
« C’est quand même aujourd’hui inadmissible que nos aides conversion, qui sont des aides pour la transition de l’agriculture, ne soient en totalité versées », appuyait encore Olivier Chaloche, membre du bureau de la FNAB, installé dans le Loiret, au sud de Montargis, lors d’un premier rassemblement devant l’Agence de services et de paiement (ASP).
De là, les agriculteurs bio ont ensuite rejoint la préfecture de la Haute-Vienne en imitant le cri du dindon - en référence à l’expression « dindon de la PAC » - et en reprenant un chant « On est bio, on est bio, même si l’État ne nous aide pas, nous, on est bio ».
— Jean-Adrien Truchassou (@JA_Truch) May 21, 2024Procédures à venir ?Des représentants ont été reçus en préfecture mais « pas de grandes avancées », commentait au sortir Emmanuel Bourgy : « L’État n’a pas été en mesure de nous donner un calendrier précis du versement des aides. Ils sont déjà dans une première phase qui est d’apurer l’année 2023 et on voit bien que sur l’année 2024, ça sera à nouveau compliqué. Malheureusement, on peut craindre qu’au 30 juin, bon nombre d’agriculteurs n’auront pas leurs aides versées en temps et en heure comme la réglementation le prévoit. »
La délégation a profité du moment pour, selon Emmanuel Bourgy, « déposer une mise en demeure à l’État de régler les aides pour le 30 juin. C’est une mise en demeure symbolique, mais cette mise en demeure a pour but que si au 30 juin, les aides ne sont pas versées, nous envisageons très sérieusement d’entamer des référés devant l’ensemble des tribunaux de France de tous les agriculteurs concernés par la transition agroécologique pour pouvoir réaliser le paiement des aides comme ça devrait l’être. »