Le 20 mars dernier, deux hommes cagoulés et armés tentaient de s’emparer du contenu de la caisse d’un tabac-presse, à Aubière. Les buralistes étaient parvenus à les repousser. L'affaire a été examinée par le tribunal vendredi.
"Tout est allé très vite", soupire le buraliste devant le tribunal. Le 20 mars dernier, vers 8 h 30 du matin, son épouse se trouve derrière la caisse de leur tabac-presse, à Aubière. Deux hommes cagoulés et armés se présentent face à elle. L’un d’entre eux lui intime de leur remettre le contenu de sa caisse, sous la menace d’un pistolet.
Une arme qui fait "pschitt""La caisse, la caisse !", hurle-t-il avant de tirer en l’air. Ce n’est pas une détonation qui retentit mais un piètre "pschitt". L’arme est visiblement factice. La buraliste en saisit alors le canon. Son mari arrive et parvient à repousser les deux braqueurs. Les deux hommes cagoulés prennent alors la poudre d’escampette, sans la caisse, à bord d’un véhicule.
L’un des voleurs ayant déjà commis le même type de fait, avec la même voiture, dont la plaque a été relevée par le commerçant, les policiers ne mettent pas beaucoup de temps à le retrouver, ainsi que son complice.
Deux mois après, les voilà devant le tribunal correctionnel, comparaissant en visioconférence. L’un a 33 ans, l’autre 39 ans. Deux compagnons d’infortune, en proie à des problèmes de drogue. La veille des faits, ils avaient fait la fête et étaient allés s’approvisionner en stupéfiants dans le quartier Saint-Jacques. Le lendemain, il leur en fallait encore. D’où cette idée insensée, reconnaît le plus âgé, d’aller braquer un tabac-presse pour se fournir.
Le courage des buralistes"J’ai fait cette connerie, je regrette amèrement", souffle-t-il. Son ami reconnaît lui aussi et se repent tout autant. Mais à l’audience, c’est d’abord le courage des buralistes qui est salué. "Ils avaient deux armes braquées sur eux, ce qui ne les a pas empêchés d’agir", loue Isabelle Ferret, la présidente. "Braquer un tabac, c’est stupide, il y a très peu d’espèces dans la caisse", note le mari. Une absurdité et de la violence qui ont valu, à lui et à son épouse, un énorme choc. Un geste d’une extrême gravité, également, qui aurait pu conduire leurs auteurs aux assises, note Dominique Puechmaille, procureure de la République. Elle veut une peine qui équivaut à deux ans de prison ferme, avec maintien en détention, pour les deux.
"Il n’y avait aucune préméditation, leur priorité était leur consommation de drogue", nuance Me Ophélie Guy, avocate de Samy Adam. "Mon client assume intégralement, la réalité de ce jeune homme, c’est 20 ans dans la toxicomanie", soutient Me Naïma Hizzir, pour Nicolas Corvinos. Le premier écope de trois ans de prison, dont 18 mois assortis d’un sursis probatoire, le second de trois ans, dont deux avec sursis probatoire. Les deux restent en prison.
Olivier Choruszko