Avant de tourner la page de sa riche carrière d’entraîneur, dimanche lors d’un dernier match à Lorient, Pascal Gastien se confie sur la saison qu’il vient de vivre et sur son histoire clermontoise. Il se projette aussi sur la nouvelle vie qui l’attend, loin des terrains... mais pas trop.
Série : La der de coach Gastien
Dimanche, à Lorient, Pascal Gastien vivra le dernier match de sa carrière sur un banc de touche. Jusqu'à samedi, à l'occasion de quatre épisodes, La Montagne décrypte la trace que va laisser le technicien dans l'histoire du Clermont Foot. Voici l'épisode 3. >> Épisode 1 : retour en chiffres sur les années records de Pascal Gastien au Clermont Foot >> Épisode 2 : "L'entraîneur qui rend les joueurs meilleurs", Pascal Gastien vu par ceux qui l'ont côtoyé
Cette saison : "Ça a toujours été compliqué"Avec un peu de recul, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
Je pense qu’on est mal parti et pour un club comme nous, c’était la pire des choses. On a eu des blessés très tôt et ça nous a perturbés. Ça s’est mal enchaîné et en débutant comme ça, on n’a pas pu s’installer dans ce championnat et prendre confiance.
La confiance a été une des clés de cette saison ?
Bien sûr. On sait que pour un club comme nous, c’est toujours difficile de faire une grosse série, donc il fallait qu’on prenne des points régulièrement, et on ne l’a pas fait.
Le fait de ne jamais avoir quitté les trois dernières places n’a-t-il pas usé l’équipe ?
Certainement un petit peu. Psychologiquement, on a toujours été derrière, donc on était toujours sous pression et ça use à la fois les organismes et le mental.
Y a-t-il un moment, une image forte, qui vous reste de cette saison ?
Je pense qu’un des fils rouges, dans ma tête, ça a été Montpellier. Il y a eu le match amical où on a perdu Maximiliano Caufriez (sur blessure, NDLR) et après, évidemment, les incidents qu’il y a eus là-bas, même si le club (de Montpellier) n’y est pour rien. Après, on a attendu pour savoir si on allait rejouer, pas rejouer, comment ça allait se passer. Et puis on n’a jamais réussi à enchaîner. C’est ce qui fait qu’on en est là aujourd’hui. Ça a toujours été compliqué, il y a eu des blessés, des suspendus, des faits de jeu, on rate un penalty à la dernière minute… Ce sont des signes qui ne sont jamais très très bons…"pour un club comme nous, c’est toujours difficile de faire une grosse série donc il fallait qu’on prenne des points régulièrement, et on ne l’a pas fait".
Ses années clermontoises : "J’ai été gâté par la mentalité des joueurs"Y a-t-il un souvenir, un match, plus marquant que les autres ?
Le premier match a été un souvenir assez particulier, contre Bourg (4-1, en 2017). Ça s’est passé comme dans un rêve, on a bien joué, on a marqué des buts. Il y a aussi la saison de la montée : on a pratiqué un bon football et les joueurs prenaient du plaisir sur le terrain. Et puis il y a ce premier match à Bordeaux, en première division, qu’on gagne et qui a représenté quelque chose pour nous.
Avez-vous été marqué par des joueurs ?
Je pense plus à des groupes et je dois dire que j’ai été gâté par la mentalité des joueurs que j’ai eus. Ce sont des joueurs qu’on a choisis et je tire un coup de chapeau à Philippe Vaugeois (l’ancien recruteur du club, NDLR), qui m’a accompagné toutes ces années, et la cellule recrutement qui a fait un gros boulot. Je sais aussi tout ce qu’on a fait ensemble, avec un staff magnifique.
Comment voyez-vous l’avenir du club ?
Il a un réel avenir dans le football français, il avance tout le temps. Avec la relégation, ça va peut-être être un coup d’arrêt, mais je n’ai pas de doute sur sa capacité à repartir.
Cela passe-t-il par un retour rapide en Ligue 1 ?
Je pense qu’il faut prendre le temps. Ici, il y a plus de moyens, Clermont est une grande ville, et avec la nouvelle tribune qui va arriver, il y aura un meilleur accueil aussi. Donc, je pense qu’il y a vraiment la place pour avoir une équipe en première division, ici, sur la durée.
Quel a été votre lien avec les supporters ?
Ici, l’environnement est particulier, les gens sont bienveillants et je le vois tous les jours à l’entraînement. Ils nous amènent de l’énergie. Je sais que sur les réseaux sociaux, il y a des critiques, mais ça fait partie du jeu. Ce n’est pas très grave. Tout le monde a vu l’évolution dans le club, à tous les étages. On a senti les choses changer au club, dans la ville, et c’était magnifique. J’ai vécu des moments rares."La saison de la montée, on a pratiqué un bon football et les joueurs prenaient du plaisir sur le terrain".
L’après-football : "On me prédit des jours difficiles"Qu’allez-vous faire durant votre retraite ?
Je vais me reposer, j’aimerais aussi voyager et voir mes petits-enfants, ma fille, ma mère, mes sœurs. Ça va être un grand changement, car ça fait presque 50 ans que je fais du foot tous les jours. Il y aura sûrement un petit manque, on me prédit des jours difficiles (sourire), mais on verra. Et je vais suivre certains matchs, bien sûr.
Vous allez œuvrer au sein de l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs, pourquoi ?
On fait quand même un métier compliqué, avec beaucoup de pression et de tension, donc si je peux donner un coup de main, je le ferai volontiers. On veut passer un message de solidarité, pour faire avancer le syndicat. On veut se faire entendre aussi, je trouve qu’on ne tient pas assez compte de l’avis des entraîneurs, sur les calendriers notamment. Je suis redevable aussi, quand j’ai été en difficulté, l’Unecatef m’a aidé.
"Avec Sébastien, on a essayé de collaborer du mieux possible. Ça a été intéressant et particulier aussi, comme ça l’avait été avec les rugbymen au centre de formation. Ça avait déjà été novateur, on avait très bien collaboré avec Bertrand Rioux et ça a été la même chose avec Sébastien. Mais il ne faut surtout pas lui mettre la pression avec la remontée. C’est un homme de projet, donc il n’y a aucune raison que ça ne se passe pas bien".
Propos recueillis par Jean-Philippe Béal et Laurent Calmut