Christian Prudhomme, directeur de la Grande Boucle, était présent jeudi 16 mai à Évaux-les-Bains, d’où s’élancera la 11e étape du Tour 2024, le 10 juillet prochain. Avec un grand sourire et une passion communicative, il a répondu aux questions de lecteurs de La Montagne tirés au sort à l’issue d’un jeu-concours. Évaux-les-Bains ne sera que la deuxième ville-étape creusoise dans l’histoire du Tour de France.
Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, était à Évaux-les-Bains ce jeudi. L’occasion de peaufiner les derniers détails de la 11e étape qui s’élancera de la cité thermale creusoise le 10 juillet prochain, mais aussi de rencontrer des lecteurs de La Montagne, au micro d’Olivier Chapperon, directeur éditorial.Il est notamment revenu sur la détermination creusoise d’accueillir le Tour : « Chaque année, nous avons la chance de recevoir 300 candidatures pour le Tour de France, 250 en France, une cinquantaine à l’étranger, et je pense que je n’avais jamais vu une délégation comme celle d’Évaux-les-Bains, en 2021 : le maire, le président de la com-com, le député, la présidente du Département, un courrier de la préfète disant “On veut”… On sentait bien que c’est toute la Creuse qui voulait le Tour. C’est rarement comme ça. Ils m’ont surtout dit quelque chose qui m’a surpris : “Cela fait douze ans que le Tour n’est pas passé chez nous”. Et ça, je n’en avais pas conscience. Je sais d’où on part et où on arrive mais je n’ai pas en tête la trentaine de départements qu’on parcourt tous les ans. Je me suis dit qu’on ne pouvait répondre à ce cri du cœur qu’en venant. »
« Le Tour, on s’en souvient, même s’il passe très vite »La dernière fois que la Creuse a accueilli une ville-étape, c’était Guéret en 2004. « Et c’était aussi la première fois, a souligné Christian Prudhomme. Nous ne sommes nulle part chez nous, nous n’allons que là où les élus souhaitent qu’on aille. Il y a aussi évidemment l’aspect sportif, les questions de logistique, d’hébergement, de temps de route et de récupération pour les coureurs. Tous ces éléments entrent en ligne de compte. Et aussi la volonté d’aller partout. Cette année, le Tour de France partira de Florence, mais Florence n’est possible que parce qu’il y a Évaux-les-Bains. Il faut les deux. C’est capital. Il faut qu’un maire, en s’appuyant sur sa Com-com, son Département, puisse se dire “Je peux avoir le Tour de France”. »
Le Tour de France est sans doute la seule grande épreuve sportive qui s’adresse à des gens qui n’aiment pas spécialement le sport, parce que les paysages sont beaux, que c’est de la découverte, de l’histoire, de la géographie, parce qu’il y a aussi de la fierté de voir son village ou sa région à la télévision.
« Le Tour, on s’en souvient, même s’il est passé très vite. Le Tour, c’est du partage, un moment d’insouciance, de bien-être, de sourire, pour tout le monde, quel que soit l’âge, la nationalité… C’est montrer la France. Les images partent dans 190 pays et c’est tous les ans. »
« Une des étapes qui me plaît le plus »Si le Tour est rare en Creuse, l’étape Évaux-les-Bains – Le Lioran du 10 juillet prochain devrait faire date : « Sur cette étape, j’ai dit à Thierry Gouvenou (directeur technique du Tour, ndlr) de faire le plus dur possible. C’est l’une des étapes qui me plaît le plus. Pourquoi ? Parce que, un peu à l’image de la Creuse ou du monde rural, personne ne veut la mettre en avant alors qu’elle est absolument magnifique. C’est une étape pour les humbles, qui sera impossible à verrouiller. Ça tourne, ça monte, ça descend… Avec 20 secondes d’avance, on ne vous voit pas pendant 4 heures et le final est très rude. On ne monte pas à 2.500 mètres mais on a des pentes très raides. On a additionné les plus grandes difficultés des dernières arrivées dans le Cantal, au Lioran en 2016 et au Puy Mary en 2020, dans un décor formidable. Avec ses 211 km, c’est aussi la deuxième plus longue du Tour cette année. »
Un Tour que Christian Prudhomme annonce en deux parties : « Une première partie plus favorable à des coureurs du type Evenepoel, une deuxième qui correspond plus à des coureurs du type Vingegaard. Je n’ai pas d’info particulière, mais je pense que Vingegaard sera au départ du Tour. Pogacar, lui, est inclassable, il peut attaquer n’importe où. Et Roglic est toujours là aussi. Et quand il ne tombe pas, il gagne. » Les Français brilleront-ils ? « Pas pour gagner le Tour, mais ils seront là. Les Français Benjamin Thomas et Valentin Paret-Peintre viennent de remporter une étape au Tour d’Italie (le jour même, hier, Julian Alaphilippe remportait lui aussi une étape sur le Giro, ndlr). Mais je pense que le prochain vainqueur français du Tour sera une Française », prédit Christian Prudhomme, à la tête du Tour de France depuis 2007 et dont l’enthousiasme est intact : « Ce n’est pas un métier que je fais, c’est de la passion, c’est toute ma vie ».
