Armand Gauz’, c’est un rire communicatif. Et surtout des idées fortes énoncées avec conviction et humour. Un écrivain francophone, à découvrir au Musée des Arts d’Afrique et d’Asie, dans le cadre de la Nuit des musées.
Vous êtes écrivain, éditorialiste, photographe, journaliste… ou alors vous êtes avant tout une voix ? « Vous pourriez ajouter scénariste, acteur, la voix peut se véhiculer de plusieurs façons. La voix, on l’a tous, il suffit de monter sur un tonneau pour qu’elle porte plus loin. Le mot artiste n’existe pas en Afrique. Le porte-parole est celui qui veut l’être. Alors oui, je suis une voix de mon continent parmi d’autres. »
Une voix mais aussi un rire… « Le rire, c’est l’arme solaire. Quand tu offres le rire, tu livres la compréhension avec. Une personne qui t’écoute et qui commence à sourire, c’est qu’elle commence à comprendre tes propos. D’accord, pas d’accord, mais connecté avec ton message. L’orateur matraqueur, il n’y a rien de pire. »
Vous vous sentez plus Ivoirien que Français, ou tout simplement citoyen du monde ? « Les frontières, c’est quoi ? Un trait rouge sur une carte. Le Covid a démontré que l’on pouvait s’en passer. La réaction a été planétaire. La Terre est devenue, le temps d’une pandémie, un vaste espace unique où la mission était de protéger les gens et notamment nos anciens. On a éteint New York, pas rien ! Tous les labos du monde ont travaillé de concert. Preuve que le dépassement des frontières n’est qu’une question de volonté. »
D’audace donc… « Le problème, c’est que ce sont les malfaisants de ce monde qui l’ont. Prêts à tous les mensonges. Ces politiques d’extrême-droite qui martèlent que l’étranger est étrange avec leurs propos de Café du commerce. Il y a collusion entre la “bonne société” et les fachos à deux balles. Et nous, les gens normaux, on regarde faire alors qu’eux font et sont prêts à faire pire. »
De quoi craindre le pire ? « Je suis un optimiste forcené. Je veux croire en l’homme et au progrès. Il faut déshabiller l’Occident et partager. Ce n’est pas parce que tu as un gros derrière que tu peux conduire deux voitures de luxe en même temps. Et puis internet, le Lapon a accès aux mêmes informations que la grosse tête de la Nasa. L’intelligence est la chose la plus partagée au monde. »
Intelligence artificielle oui, mais que fait l’humain quand il n’a plus rien à faire ? « Il crée de la beauté. Les Touaregs, sous 60 degrés au milieu du désert, font de la poésie. Le capitalisme n’a que deux siècles d’histoire, l’humanité des milliers d’années. Le monde d’après nous attend. »
Pratique. Rencontre littéraire, Musée des Arts d’Afrique et d’Asie, samedi 18 mai, à 18 h 30. Gratuit