Faverolles ou Pékin, saumonée foncée ou noir caillouté, l’association des aviculteurs d’Issoire-Champeix (Puy-de-Dôme) perpétue la tradition de l’élevage et des concours.
Les raisons profondes d’une passion sont parfois difficiles à décrire. Plus encore son origine. Pour l’aviculture en revanche, cet engouement prend souvent racine dès l’enfance et la présence de volailles dans l’environnement familial. C’est ce qui s’est passé pour Hervé Hermet, membre de l’association des aviculteurs d’Issoire-Champeix, créée en 1980. Aujourd’hui âgé de 71 ans, il se souvient avoir toujours aimé les animaux.
Mon père travaillait à l’usine et il élevait des volailles pour les manger. Toutes les vacances, nous les passions vers Pierrefort, dans le Cantal. Et là, il y avait tous les animaux de la basse-cour.
Mécanique et élevageHervé Hermet a remporté de nombreux concours avec ses poules Faverolles et ses pigeons Mondain.Adulte, Hervé Hermet entame une carrière au service maintenance mécanique à Péchiney-Rhénalu (Constellium). En marge de son activité professionnelle, c’est bien évidemment vers l’élevage qu’il s’oriente. Très tôt, son choix se porte sur la poule Faverolles. Mais pas n’importe laquelle. "La saumonée foncée Française et Allemande, dit-il, pour son plumage et son élégance." Cette poule domestique, pourtant familière, lui donne du fil à retordre. Non pas pour son caractère. Elle est réputée docile. Mais pour ces critères de sélection. Ces fameuses caractéristiques physiques qui font d’elles des championnes, de véritables bêtes de concours.
Brassage génétique"Ce n’est pas la plus simple, mais j’ai voulu relever le défi", sourit l’éleveur derrière sa moustache gris perle. Avec ses cinq doigts, contre trois pour les espèces communes, la Faverolles nécessite parfois un coup de main. Car, pour un aviculteur, le danger vient de la consanguinité. Il faut donc impérativement assurer un brassage génétique efficace. Et ce n’est pas simple.
Le problème est de trouver des reproducteurs. Et des bons ! Parce qu'il faut changer de coq tous les deux ans environ. C’est pour ça que l’association, et la participation aux concours et expositions, est importante. Ça permet de rencontrer d’autres éleveurs et de faire des échanges.
Toilettage avant le concoursPour augmenter d’un cran le niveau de difficulté, les aviculteurs se passionnent rarement pour une seule espèce. Si Hervé Hermet porte depuis quatre décennies la poule Faverolles en haut des podiums, il en fait tout autant pour le pigeon Mondain.
La veille d’une présentation au jury, je lave leurs pattes et je retire les plumes disgracieuses. C’est un vrai concours de beauté !
Les meilleurs aviculteurs au rendez-vous
Boule de plumesClaire Villetelle fait, elle aussi, partie de l'association d'aviculture d'Issoire et ChampeixCe que ne dément pas Claire Villetelle, habituée des compétitions et du haut niveau. Adhérente à l’association issoiro-champillaude, la quadragénaire a été championne de France toutes catégories en 2016, et championne d’Europe en 2021. Enseignante en zootechnie au lycée de Brioude-Bonnefont, en Haute-Loire, l’éleveuse connaît son cheptel de poules et coqs Pékin sur le bout des doigts. À Usson où elle réside, une partie du terrain est occupée par les poules naines surnommées "boules de plumes".
J’ai grandi en région parisienne et toutes les vacances scolaires, je venais chez ma famille à Saint-Genès-la-Tourette.
Où les animaux de la ferme étaient réunis. Les poules n’ont pas de dents, mais il n’en fallait pas plus pour devenir une mordue.
MorphologieClaire Villetelle, ici avec un poussin Pékin, présente au concours des petits nés dans l'année.D’autant plus qu’avec les poules, chaque naissance est une surprise. Avec l’expérience, elle repère très vite le potentiel de chacune, leur morphologie et les caractéristiques de race pour tendre vers le standard défini par la Fédération française de volaille (FFV). L’éleveuse présente systématiquement des jeunes de l’année en concours.
Et celles qui n’ont pas les bons critères, je les garde avec moi.
Claire Villetelle est aussi dirigeante du club français des poules Pékin et Cochin.Mais elle tient tout particulièrement à s’investir encore dans l’association des Aviculteurs d’Issoire Champeix pour, dit-elle : "maintenir l’activité et organiser des expositions locales, car, chaque année, nous perdons des aviculteurs." Point positif tout de même, après les dégâts causés par le Covid-19 et la grippe aviaire, les concours ont retrouvé leur niveau de fréquentation. Et leur public aussi.
Pratique. Association des aviculteurs d’Issoire-Champeix, présidée par Yves-Marie Bozec. Tèl : 06.70.89.55.17 et par mail : bozec-yves@orange.fr.
David Allignon