Auzers. Cent années d’une vie. Geneviève Juge, née Clavel, a fêté ses cent ans vendredi dernier. Ses neveux et nièces et leurs enfants, au total 30 personnes, âgés de quelques mois à un peu plus de 70 ans, étaient présents auprès d’elle pour fêter ce bel événement.
Geneviève Juge est née en 1924 à Marlat, commune d’Auzers, dans le foyer de Pierre Clavel et Célestine (née Pommarat). Malheureusement Célestine, sa maman, mourra en 1927 à tout juste la quarantaine, laissant quatre enfants orphelins, Marthe (21 ans), Georges (11 ans), Madeleine (5 ans) et Geneviève (3 ans). Le sort n’est pas tendre pour la famille, car Marthe mourra elle-même l’année suivante. Geneviève et sa sœur Madeleine seront mises en pension à l’école libre de Saignes pendant trois ans, puis seront scolarisées à Auzers. De cette période date l’attachement profond entre les deux sœurs.
Geneviève passera son adolescence dans la ferme paternelle de Marlat, et c’est là qu’elle vivra les années de guerre. Au détour de la guerre, elle « monte » à Paris chez son frère qui, nouvellement marié, a ouvert un café, boulevard Haussmann.
Retour aux sourcesGeneviève épouse René Juge en 1955 et tous deux tiendront un commerce de marchand de vin rue de Bretagne, dans la capitale. Après une dizaine d’années, ils se lancent également dans la limonade, en reprenant un café à Villejuif, banlieue proche de Paris, mais loin de l’Auvergne. Est-ce la nostalgie des prés et des vaches qui les ramène dans le Cantal. Toujours est-il qu’ils abandonnent la vie citadine pour reprendre une ferme au milieu des années 70, dans la vallée du Falgoux, aux Aldières où Geneviève habite depuis lors, et où elle vit seule, pratiquement sans aide, depuis le décès de son mari en 1992, et celui de sa sœur Madeleine en 2014, qui y a vécu avec elle, les dernières années de sa vie.
Geneviève est d’un dynamisme contagieux. Ses neveux et petits-neveux sont toujours contents de passer un moment à papoter avec elle. Car même si une DMLA a légèrement affecté son acuité visuelle (elle lit quand même La Montagne et Le Réveil ), ses autres facultés sont encore excellentes. Jusqu’à peu, elle fréquentait les clubs du troisième âge d’Anglards et de Saint-Vincent-de-Salers et se laissait même aller à une petite danse (j’ai toujours aimé danser dit-elle en s’excusant). Mais ne la dérangez pas trop tôt, elle fait la grasse matinée. Il n’est pas rare qu’elle ne réponde pas au téléphone, si le temps est beau. C’est qu’elle sera allée arracher quelques orties qui ont envahi ses fraisiers. Geneviève réconcilie quiconque avec la vieillesse. Elle semble non pas ajouter des années à la vie, mais de la vie aux années. Un exemple.