En prenant de l’altitude, le radar de Météo-France à Sembadel va pouvoir retrouver son efficacité sans entraver l’activité forestière alentour.
Un casse-tête traînant depuis au moins une dizaine d’années, à Sembadel, et mêlant des problématiques environnementales, économiques et de sécurité des populations a finalement trouvé sa solution. Ce mercredi 24 avril, la salle de la gare de la commune accueillait une réunion publique destinée à présenter l’évolution à venir du radar de Météo-France à Sembadel, pour le passer de 24 à 50 m de haut d’ici à l’automne 2026.
Épisodes cévenolsUn point final apporté à un conflit opposant l’État et Météo-France aux habitants et aux forestiers des alentours, qui fait la joie du maire, Roland Gobel. " J’ai été élu le 5 avril 2014 et j’ai été informé du problème le 19 avril de cette même année, par un agriculteur de Bonneval ", expliquait-il au terme de la réunion. Inauguré en 1996, ce radar, impressionnante tour de béton et d’acier surplombée d’une boule blanche de 6,20 m de diamètre, a en effet une mission de taille : permettre de participer au travail de vigilance météo en signalant notamment des épisodes cévenols, ainsi que les inondations et crues possibles sur la Haute-Loire et les environs. Sauf que pour être efficace, ce radar doit avoir une vue dégagée. À son altitude, un rayon de 2 km autour de lui doit être dépourvu d’obstacles (poteau, arbre…). Une obligation régie par un décret de servitudes qui se trouvait au cœur des débats.
Cedric Legal, chef de projet pour tous les nouveaux radars Météo-France de métropole et d’Outre-Mer, et Roland Gobet ont ainsi pointé, dans la présentation, l’un des points d’achoppement : sur le plateau des Rivaudelles, se trouvant à 1 km du radar, et à peu près à la même altitude, les arbres ne devaient pas faire plus de 13 m de haut. Or, les sapins et épicéas, principales essences alentour, ont une pousse optimale de 40 à 45 m. Le temps aidant, les arbres, sans impact en 1996, ont bien poussé. Si bien qu’une ombre apparaît sur les mesures, à l’est du radar, empêchant son fonctionnement optimal.
Communes. La surface concernée par le décret de servitudes d’obstacles du radar concerne cinq communes : Sembadel, Bonneval, Félines, La Chaise-Dieu et Connangles. Travaux. Le chantier prévoit de construire une nouvelle tour de 50 m à côté de l’actuelle, sur un point légèrement plus élevé du terrain de Météo-France. Le radar sera ensuite installé au sommet de la nouvelle (avec un nouveau dôme). Calendrier. Il prévoit notamment le décret de servitudes modifiées au quatrième trimestre 2024?; le lancement des travaux au quatrième trimestre 2025?; l’installation du radar sur la nouvelle tour en octobre 2026 puis une déconstruction de la tour actuelle en novembre 2026.
En 2017 l’évocation de l’application du décret, en demandant des coupes rases aux forestiers, avait soulevé un vent de contestation sur le plateau casadéen. Après plusieurs années de tractations, le problème a donc trouvé sa solution : plus de coupes rases sur des dizaines d’hectares à cause du radar, pas de pertes économiques pour les forestiers et un outil pleinement opérationnel pour Météo France. " Retrouver une qualité de mesures radar compatible avec nos objectifs ", détaillait Cédric Legal.
Un investissement de l’État de 2,7 millions €Et pour cela, la tour va donc grandir. Le projet de nouveau décret de servitudes d’obstacles qui accompagnera cette modification, en discussion, prévoit un rayon totalement dégagé de 200 m autour du radar (rien dépassant l’altitude de 1.159 m). Puis, au-delà et jusqu’à 2 km, une évolution en pente ascendante de 2 % de l’altitude maximum autorisée pour les obstacles. Ce qui permettra par exemple de laisser pousser les arbres jusqu’à 45 mètres maximum aux Rivaudelles. " À cette taille, les arbres ont une valeur marchande énorme ", souriait Roland Gobet.
Cela met fin à des situations qui étaient parfois pénibles à gérer. On ne supprime plus la valeur des propriétés forestières.
Pour mener à bien ce projet, l’État a prévu un investissement de 2,7 millions €. " On a choisi le principe de réalité, analysait, ce mercredi, le préfet de Haute-Loire Yvan Cordier. On aura un radar qui jouera pleinement son rôle sans gêner l’exploitation forestière. On a obtenu un crédit supplémentaire. Mais en contrepartie, le problème doit être définitivement réglé. "
L’une des rares questions posées concernait, mercredi, le processus d’information des propriétaires forestiers. Météo-France va préparer un courrier explicatif de deux pages qui sera remis aux municipalités, qui ont la liste des parcelles forestières et de leurs propriétaires. Elles feront suivre. Ensuite, chaque propriétaire pourra obtenir le croisement entre le parcellaire et les futures hauteurs maximales d’arbre autorisées, précisait Christophe Deblanc, directeur interrégional de Météo-France.
Un nouveau radar Météo France de 50 mètres va être construit
Actuellement, l’aire de détection de l’installation de Sembadel est bloquée, à l’est, par des arbres. " Pour mesurer au plus loin, le plus précisément possible, il faut émettre au plus bas : à l’horizontale du radar. En levant l’angle, on contourne des obstacles, mais on va moins loin. " Lors de la présentation de mercredi, les représentants de Météo-France ont expliqué que le nouveau radar et le décret de servitudes d’obstacles qui devrait l’accompagner permettraient de n’avoir pas plus de 24 % de zones masquées. " Et avec du post-traitement, on peut compenser jusqu’à 25 %. "
Pierre Hébrard