Durant trois jours, le Conseil départemental de la Creuse a accueilli neuf familles venant d’autres départements dans le cadre d’un séjour immersif. L’objectif : les convaincre de changer de vie et de venir s’installer dans ce territoire rural qu’est la Creuse.
Des envies d’ailleurs, d’un changement de vie radical. C’est ce que partagent les neuf familles venues en Creuse la semaine dernière dans le cadre d’un séjour immersif de trois jours. Ces 17 personnes originaires de la région parisienne, nantaise et bordelaise ont participé à la deuxième édition de cette opération menée par le Département qui vise à attirer de nouveaux habitants sur le territoire.
Trouver un meilleur cadre de vieUne opération séduction qui a plutôt porté ses fruits auprès des participants, tous enclins à changer de vie. De passer d’un quotidien citadin à un autre en plein cœur de la ruralité. « Ce qui revient principalement dans les envies exprimées, c’est le fait de pouvoir retrouver des valeurs humaines dans le quotidien », expose Emilie Rousseau, chargée de mission accueil et attractivité au sein du Conseil départemental de la Creuse. Ces valeurs simples qui, pour beaucoup de participants au séjour, sont devenues difficiles à retrouver dans une vie citadine routinière et empreinte d’individualisme. « Maintenant les gens sont étonnés quand vous leur parlez dans le métro, regrette Claire, 35 ans, habitant à Paris. Et le Covid n’a pas arrangé les choses. » Originaire du Limousin, cette mère de trois enfants avait envie d’un « retour aux sources. » À la fois pour assurer un « meilleur cadre de vie » à ses enfants mais aussi pour se sortir d’un « stress quotidien » inhérent à sa vie actuelle au sein de la capitale.
Fuir les tensions de la ville, Jean et Caroline, 40 et 36 ans, en ont aussi eu l’envie. Habitant les Yvelines, le couple épris de liberté ressent le besoin d’un espace vital plus grand. « Il y a une politique d’urbanisation en Île-de-France qui est insupportable », dénonce ce Francilien qui a essayé - en vain - de lancer une culture de champignons.
Cet anéantissement des terres agricoles, on n’en veut plus. On a besoin de plus de liberté, d’avoir plus de possibilités.
Fuir les contraintes économiques liées aux grandes villes est aussi l’une des motivations qui revient souvent dans les projets de chaque participant. « Il est possible d’envisager des investissements qu’ils ne pourraient faire là où ils habitent », explique Emilie Rousseau.
Un aspect qui a également convaincu Claire dans son projet de déménagement. La maman de trois enfants loue actuellement un appartement avec deux chambres à Paris pour 850 euros. Désormais, elle envisage de s’installer dans la région de La Souterraine dès cet été dans un logement bien plus grand. Un confort de vie auquel ces néoruraux aspirent et qui peut devenir une réalité en Creuse.
« Ce séjour immersif permet aux participants de rencontrer des acteurs économiques du territoire mais aussi des professionnels du logement pour qu’ils puissent mener à bien leur projet », développe la chargée de mission accueil et attractivité du Département.
Dans la Creuse, cette association a vu son rêve devenir réalité
S’intégrer professionnellementPar ailleurs, durant leur immersion, ces probables futurs Creusois ont pu découvrir des sites emblématiques du département. Des ruines de Crozant en passant par la petite commune de Bénévent-l’Abbaye.
Jean et Caroline ont participé à ce séjour un peu par hasard en s’y inscrivant au dernier moment sur internet. « À ce moment-là on était déjà en Creuse pour faire des visites de biens immobiliers et découvrir le territoire », raconte le couple. Leur participation à ce séjour a fini de les convaincre. D’ici un an ou deux, ils voudraient vivre ici, le temps de se réinsérer professionnellement. Claire quant à elle, est actuellement en train de finir sa formation à Limoges pour devenir chef de service dans le secteur de l’éducation. Dernière étape avant ce changement de vie radical et qu’elle ne pourrait imaginer autrement après ce séjour. « Je crois qu’on a beaucoup à recevoir en venant s’installer ici, mais on aura aussi beaucoup à donner. »
Vincent Faure