Comme à l’échelle de l’agglomération entière et ses 42 autres communes, Tulle poursuit ses efforts, grâce à plusieurs dispositifs, dont certains portés par l’intercommunalité, pour réduire la vacance de logements en centre-ville.
Entre les propriétaires qui pensent n’être éligibles à rien et ceux qui ne franchissent pas le pas d’une rénovation, car les démarches pour bénéficier d’aides financières sont trop aisées, la problématique des logements vacants peine à trouver une issue favorable. Pourtant, la Maison de l’habitat, équipement de Tulle Agglo ouvert en juin 2022, veut rassurer les indécis et surtout éclairer ceux qui ne voient dans la rénovation de leur logement qu’un long marathon administratif à l’issue incertaine. « La Maison de l’habitat fait un travail de dentelle, c’est du cas par cas. Et dans certaines situations, pour les personnes les plus modestes, les aides conjuguées de l’État et des collectivités peuvent se monter à 100 % du coût de la rénovation », insiste Ana-Maria Ferreira, vice-présidente de Tulle Agglo en charge de l’habitat.
Les logements inoccupés, cible des deux OpahPrincipalement orientée vers la rénovation énergétique des logements, la réhabilitation de l’habitat permet aussi de résorber une sacrée épine dans le pied des collectivités : la vacance des logements. Soit techniquement des logements inoccupés depuis 2 ans révolus. « À Tulle, le taux de vacance résidentiel moyen est de 11,5 % alors que le taux normal de vacance se situe davantage entre 5 et 7 % », relève Karine Madies, responsable du programme Action cœur de ville, concerné pour une large partie par l’habitat. Certains secteurs, comme le quartier du Trech, culminent à un taux de 17 % de vacance. Le constat ? Des logements qui, trop vétustes, insuffisamment isolés et équipés, restent sans locataires. Ou que les propriétaires, problème juridique d’indivision ou héritage encombrant, ne vendent pas et n’occupent pas. Au total, dénombre la Maison de l’habitat, 203 adresses à Tulle sont considérées comme comportant des logements vacants ou inhabitables, 356 logements sont effectivement constatés comme tels sur un total de 4.800 adresses environ, soit 8.430 logements supposés habitables.
En quoi consistent les travaux de réhabilitation de la résidence Cloucheyroux à Tulle ?
Un parc immobilier pour lequel prévaut le locatif, qui, dans le centre-ville, représente 70 % des logements, indique Karine Madies. Plusieurs secteurs ont fait l’objet d’une priorisation des aides dans le cadre de l’opération programmée d’amélioration de l’habitat et de rénovation urbaine - Opah-RU (*). Parmi les périmètres circonscrits, et pour lesquels la Ville, outre les aides de l’État et des collectivités, apporte 100.000 € par an, figurent par exemple le Trech, la rue Jean-Jaurès ou encore l’avenue Victor-Hugo. Outre des aides apportées aux propriétaires occupants ou propriétaires bailleurs pour rénover leurs logements, la municipalité ajoute une prime aux propriétaires bailleurs lors de la mise en location de biens vacants avec des travaux de 6.000 € par logement.
Mesures incitatives mais aussi coercitivesChangements des huisseries, isolation intérieure et extérieure, remise en état de la toiture, VMC plus performantes, changement du mode de chauffage pour du plus performant… Selon les cas de figure, en fonction de la physionomie du ménage, de ses revenus, mais aussi du dispositif d’aides, car une Opah de droit commun existe également, l’accompagnement financier peut être déterminant pour effectuer des travaux, souligne Cécile Dezon-Avey, directrice de la Maison de l’habitat : « Pour un saut de deux tranches au DPE pour passer, par exemple, d’un classement F à D, un couple avec un revenu intermédiaire, c’est-à-dire compris entre 32.000 et 45.000 €, peut bénéficier d’une prise en charge des travaux à hauteur de 45 % du montant HT dans la limite de 40.000 € de dépenses. » Des aides, nuance la responsable, qui ne concernent pas les logements de vacances, les résidences secondaires ou meublées.
Un permis de louer à l'étudeSi la réduction de la vacance de logements est clairement ciblée par les différents volets d’aides, elle fait aussi l’objet, depuis peu, de mesures coercitives, précise Fabrice Marthon, adjoint à Tulle en charge du logement. « Nous avons beaucoup misé sur l’incitatif, mais ce n’est hélas pas suffisant et il nous a fallu prendre d’autres mesures, contraignantes, elles. Depuis la fin 2023, une taxe d’habitation spécifique pour les logements vacants a été mise en place par la Ville. » La municipalité réfléchit également à mettre en place un permis de louer, « qui permettrait d’accompagner pour du logement de qualité et lutter contre les marchands de sommeil », poursuit l’élu, qui souligne par ailleurs : « Il nous faut résoudre le problème du manque d’offre qualitative, pour laquelle il y a un vrai besoin. »
(*) Quatre autres communes de Tulle Agglo bénéficient également d’une Opah-RU sur la période 2021-fin 2025 : Sainte-Fortunade, Cornil, Laguenne-sur-Avalouze et Corrèze.
Pratique. Plus d’infos auprès de la Maison de l’habitat, 2 rue François-Bonnélye à Tulle. Tél. : 05.55.20.67.01.