La polémique enfle, une semaine après un incident survenu au collège Jean-Bertin de Saint-Georges-sur-Baulche, dans l'Yonne. Le principal de l'établissement a ordonné à trois membres d'une association, présentes pour une journée portes ouvertes, de retirer leur voile.
La journée "portes ouvertes" organisée samedi 23 mars 2024 au collège Jean-Bertin de Saint-Georges-sur-Baulche (dans l'Yonne), a viré à la polémique. Ce jour-là, trois membres de l'association l'Olivier, qui œuvre pour l'accompagnement à la réussite scolaire, venait présenter leur projet aux familles. Créée au cours de l'été 2023, la jeune structure associative a rapidement pris ses marques en multipliant les interventions dans les établissements, comme dans les écoles élémentaires Renoir ou Courbet, à Auxerre.
Comme le révèle France 3 Bourgogne-Franche-Comté, ce samedi 30 mars 2024, un incident est survenu au cours de cet événement, on ne peut plus banal. Devant les élèves, le directeur de l'établissement, Olivier Chollet, aurait demandé aux trois intervenantes de quitter leur voile. L'une d'elle, accompagnante d'élèves en situation de handicap, est salariée de cet établissement public. Devant l'injonction, elle accepte de se découvrir. Mais les deux autres femmes auraient refusé. Le directeur leur aurait alors intimé l'ordre de quitter l'établissement.
Le Dasen parle d'une "erreur"Contactée, l'une des femmes concernées n'a pas donné suite à nos sollicitations. Pas plus que le principal du collège, Olivier Chollet. À France 3, l'une d'entre elle a déclaré "comprendre la réaction du principal" au vu de l'actualité, mais "avoir été blessée devant les étiquettes injustifiées".
Dans un premier temps, le directeur académique des services de l'éducation nationale (Dasen) de l'Yonne, Jean-Baptiste Lepetz, avait relativisé les choses : "Le principal, Monsieur Chollet, a eu raison de demander à son employée de quitter son voile au motif qu'il ne faut pas qu'il y ait de collusion entre la fonction d'agent de l'État et l'appartenance religieuse de cette dame. Il ne doit pas y avoir de confusion possible, ni aucune place à l'ambiguïté. Pour le reste, pour ce qui concerne les deux autres femmes, c'est une erreur. Il devra leur présenter ses excuses, à elles et à leur association."
Le Dasen Jean-Baptiste Lepetz a partiellement soutenu le principal de l'établissement avant d'être déjugé par le recteur.
Lorsque nous l'avons contacté, Jean-Baptiste Lepetz nous a renvoyé vers le recteur de l'académie de Dijon, Pierre N'Gahane. Lequel a apporté son soutien total au principal du collège Jean-Bertin, sans qu'il soit question d'excuses : "Le chef d'établissement a appliqué le principe de laïcité en prenant en considération les circonstances de l'espèce. Je le soutiens dans sa décision, car quand la situation emporte une complexité réglementaire, c'est toujours la décision qui préserve le plus la laïcité qui doit être privilégiée."
Le recteur de l'académie de Dijon a estimé que le principal avait privilégié la décision qui préserve le plus la laïcité.
Tollé dans la classe politiqueL'incident a provoqué de vives réactions de la part des forces politiques. Dans un communiqué daté du 26 mars, la France insoumise (LFI) a apporté son soutien total à l'association L'Olivier. Qualifiant l'acte de "raciste et islamophobe", LFI rappelle que selon l'article L141-5-1 du Code de l'éducation nationale, "les parents d'élèves qui arborent des signes ou tenues par lesquels ils manifestent ostensiblement leur appartenance religieuse, ne peuvent se voir interdire l'accès aux établissements scolaires ou la participation aux réunions de parents d'élèves".
Sur X (ex Twitter), le député RN Julien Odoul, a lui apporté son soutien au principal du collège Jean-Bertin : "En pleine offensive islamiste contre nos écoles, cette réaction de l’Inspection académique est scandaleuse. Pour protéger les chefs d’établissement, il faut renforcer la loi sur les signes religieux."
Même réaction pour son homologue Daniel Grenon, député RN de la première circonscription de l'Yonne. "Il est inacceptable qu'un principal soit condamné par sa hiérarchie pour avoir défendu les valeurs républicaines et éviter un trouble à l’ordre public." Invitant le Dasen à "retrouver la raison" en écoutant le recteur académique, il estime que le principal "a pris une décision courageuse". "Il est urgent de prendre des mesures concrètes pour renforcer la loi de 2004 et sanctuariser toutes les enceintes publiques, notamment les écoles", écrit-il ce samedi soir.
Dans un communiqué de presse daté également du 30 mars, Guillaume Larrivé, ex-député LR de l'Yonne, a, lui aussi, apporté son soutien au principal du collège. "J’ai signalé ce matin à Mme la ministre de l’Éducation nationale que la déclaration du directeur académique des services de l’Éducation nationale (Dasen), appelant le principal du collège à présenter des excuses, n’était pas appropriée. Nous n’avons pas à nous excuser de vouloir que l’école de la République française soit préservée des pressions communautaristes !"
Thomas Ribierre