Ces anneaux ne sont pas uniques, mais pour Mathias Jouannet, ils sont tout aussi précieux. Le sculpteur de Combronde (Puy-de-Dôme) achève le socle et une sculpture destinés au CIO et à la mairie de Paris, pour les Jeux Olympiques.
Casque et lunette vissés sur la tête, Mathias Jouannet est dans sa bulle. Comme un coureur sur la ligne de départ pour ce qui ressemble à un 100 mètres, sa commande devant être prête pour ce vendredi 29 mars.
Mais la course aura été un véritable marathon pour le tailleur de pierre installé aux Jouffrets Bas, à Combronde, chargé de réaliser des éléments des sculptures commandées par le Comité international olympique (CIO) et la Ville de Paris pour porter la mémoire des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Lave du Mont-DoreFormé chez les Compagnons du devoir, ce natif de Lissac Saint-Maurice près de Vic-le-Comte n’est pourtant pas effrayé par l’enjeu. "Je prends du plaisir, rigole-t-il.
C’est un beau chantier qui va être vu par tout le monde. Je me fais chambrer par mes copains pour notre pierre noire, mais on va pouvoir la montrer. Et avec 250.000 ans, elle n’a plus rien à prouver
Sous ses outils, cinq anneaux entrelacés ont vu le jour, taillés dans la lave du Mont-Dore, destinés à être ensuite installés à Paris, sertis dans le sol, en un lieu encore tenu secret. "C’est beaucoup de fierté", poursuit-il, tout en jetant un œil à sa pièce, dont il visualise d’ores et déjà le traitement de surface puis son transport vers la capitale.
Son histoire avec les JO remonte à 2023 et un coup de fil de Fonderie Fusions, à Charbonnières-les-Vieilles, habituée de travailler avec des artisans locaux, qui l’embarque dans son relais afin de réaliser la sculpture d’Alison Saar. "Elle avait besoin d’un bloc pour le socle de sa sculpture", raconte Mathias Jouannet qui planche sur le projet de l’artiste américaine ainsi que sur les fameux anneaux.
"Je ne suis pas un sculpteur !"De visites à la carrière Andésite de Mazayes, en croquis, en passages du CIO à l’atelier en décembre-janvier derniers ou cette soirée passée à table avec Alison Saar, Mathias Jouannet décroche sa place aux JO, avec le mental qui va avec : "Je suis un tailleur de pierre qui fait de la sculpture, mais je ne suis pas un sculpteur !", prévient-il, travaillant sur commande, jonglant avec des réalisations où figurent des fenêtres à meneaux à Riom, une pierre tombale au cimetière des Carmes à Clermont-Ferrand, des piliers de portail à Billom, des têtes de lion à Vic-le-Comte… Le tout façonné en grès de Najac, pierre de Volvic, grès d’Espagne ou combe brune, patiemment ciselés dans son atelier créé en 2009.
Et pour cet habitué du temps long, qui fit son Tour de France de 1998 à 2004, avant d’enchaîner par un tour du globe avec MSF au Tchad, au Yemen ou en Centrafrique, pas le temps de reprendre son souffle.
Le socle de la sculpture d’Alison Saar l’attend ensuite afin de lui donner cet aspect désiré du brut homogène. Et décrocher sa médaille d’or dans la taille de pierre.
François Jaulhac