La France a terminé le Tournoi des VI Nations à la deuxième place après sa victoire folle face à l’Angleterre. Une compétition qui s’est déroulée dans la difficulté mais qui aura permis à ces Bleus de grandir.
« C’est un super tournoi. Un tournoi d’enfer. Au sens propre comme au figuré. C’était brûlant, il n’y avait pas de répit. On était parfois sur la brèche, parfois sur la cime, parfois sur la tranche… » Dans des mots toujours détonants, voilà comment Fabien Galthié résumait ce Tournoi des VI Nations 2024 après ce France-Angleterre totalement fou (33-31).
Un Crunch à l’image d’une compétition où les Bleus sont passés par tous les états. Si à l’heure du bilan, les Bleus sont deuxièmes du classement derrière l’Irlande, il s’en est fallu de peu que la photographie soit tout à fait différente. Un essai écossais validé par l’arbitre, un ballon italien passant entre les perches à l’ultime seconde, une pénalité de 50 mètres non-transformée par Thomas Ramos contre l’Angleterre… Et la France aurait pu se retrouver avec quatre défaites. « Sur la brèche » comme l’a signifié le sélectionneur.
Reste que ce Tournoi servira pour le futur. Car il a permis à cette équipe de France de se construire dans le dur et la résilience. « Merci pour les roses, merci pour les épines », écrivait Jean d’Ormesson. Si le succès arraché samedi soir face au XV à la fleur rouge a bonifié le bilan tricolore, ce sont bien les échardes qui ont permis aux Bleus de retrouver ce supplément d’âme perdu un soir de quart de finale de Coupe du monde.
« Ça n’a pas été un Tournoi facile, soufflait Thomas Ramos les yeux embués. Gagner comme ça sur le dernier match, c’est bien, ça récompense l’équipe. Il a fallu s’accrocher parce qu’on revenait d’une énorme déception. Quand tu n’es pas bon, c’est normal que tu sois critiqué. Mais je crois qu’on a su réagir dans les moments importants. On a retrouvé l’envie qu’on n’avait peut-être pas au début de Tournoi. »
Enfin une revue d’effectif !Les difficultés rencontrées depuis un mois et demi ont aussi contraint Fabien Galthié à changer son fusil d’épaule. Après la débâcle irlandaise, le sélectionneur continuait à faire confiance à ses hommes contre vents et marées. Des joueurs probablement encore meurtris par la sortie de route du Mondial. Il a fallu la bouillie écossaise (16-20), malgré la victoire et le nul miraculeux contre l’Italie (13-13), pour que l’on assiste à une injection de sang neuf dans une formation qui avait besoin de se régénérer.
C’est l’autre grand enseignement de ce Tournoi, certains jeunes joueurs ont marqué des points à moyen terme. On pense notamment à Nolann Le Garrec qui a gagné ses galons de numéro 2 à la mêlée derrière l’incontournable Antoine Dupont. Le seul homme contredisant d’ailleurs la maxime qui veut que les absents ont toujours tort… L’ombre du meilleur joueur du monde ayant en effet beaucoup (trop) plané en début de compétition.
Enfin, cette deuxième place finale ne doit pas faire oublier non plus les progrès que doit encore réaliser cette équipe. La défense tricolore s’est encore montrée poreuse samedi soir avec quatre essais encaissés face aux Anglais. Sur la compétition, la moyenne est de 2,8 par match. C’est beaucoup trop pour exister sur la durée au niveau international. Et subsiste encore la question épineuse des ballons hauts sous lesquels les Français affichent encore bien des difficultés.
Arnaud Clergue
