Ils avaient tiré à la carabine à plomb sur des jeunes dans un stade de foot du Cantal : "Cela relève du débile..."

Il fait beau, à Lanobre, le 27 janvier. Un temps pour aller au stade de foot, ou, pourquoi pas, tirer à la carabine à plomb sur des cibles en carton.

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C’est d’ailleurs à l’origine l’idée des deux prévenus, de 21 et 20 ans. Ils ont l’arme, ils ont les cibles et quand une petite fille de 6 ans, un collégien, et un jeune adulte handicapé arrivent pour jouer au foot, ils préviennent : « On leur a dit que cela pouvait ricocher, qu’il fallait s’écarter », lâche le plus âgé.

Puis l’ambiance change. Les nouveaux arrivants se font soudainement tirer dessus : un plomb dans la cuisse, l’autre dans la cheville. Un mineur accompagnant les deux tireurs indique les avoir entendus dire : « Regarde-les, ces cassos’, on va leur faire peur ! »

C’est réussi : la fillette les décrits en train de changer de position pour les viser à nouveau, alors qu’ils se sont cachés derrière les toilettes.

Dans le box, détenus depuis les faits, les deux mis en cause font leur âge. Mais, visages poupins, ils n’ont pas le regard naïf de ceux qui découvrent la justice. À la barre, ils nient : « Ils n’ont jamais été dans le champ de vision de l’arme », tente d’illustrer le plus jeune.

L’aîné, accro à la cocaïne, a déjà été pris au volant après avoir consommé. Condamné pour des violences, il est sous le coup d’un sursis probatoire. L’autre a écopé de dix-huit mois de prison ferme pour trafic de stupéfiants et purgeait sa peine avec un bracelet électronique à la cheville.

Ils ont pourtant trouvé pertinent de tirer dans la direction de ces trois jeunes gens et d’en menacer un, après coup, couteau à la main. « Cela relève du débile, soupire, le procureur Paolo Giambiasi. Les actes les plus bêtes ne sont pas les moins graves. » Il imagine l’impact d’un plomb dans la tempe de la petite fille, évoque la cour d’assises. « Le seul point positif que j’arrive à tirer, c’est qu’ils n’y sont pas allés avec un fusil de chasse… »

Mais le sermon du procureur semble avoir eu un effet, au moins temporaire, sur le duo : « Oui, c’était complètement débile », termine Lucas Delpeuch. « C’était de la débilité complète », confirme Dylan Raynaud-Papon, son acolyte. Ils ont tous les deux été condamnés à dix-huit mois de prison ferme et maintenus en détention.

Pierre Chambaud