Depuis la mi-avril et jusqu’au 1er septembre, les usagers de la ligne aérienne Loudes-Orly sont contraints d’utiliser un autre moyen de transport.
L’entreprise de transport aérien Twin Jet, qui assure notamment la ligne Le Puy/Loudes - Paris/Orly, a dénoncé fin 2023 son contrat de délégation de service public avec la Communauté d’agglomération du Puy. La compagnie évoquait un problème de rentabilité.
« On aurait souhaité trouver une solution juridique et financière »Pour rappel, la Chambre régionale des comptes constatait en 2023 qu’avec un nombre moyen de sept passagers par vol (sur les 19 places disponibles), la ligne Le Puy - Paris Orly était « structurellement déficitaire ». Une observation « sans surprise », jugeait alors Michel Joubert, président de l’Agglo et du Syndicat mixte de gestion de l’aérodrome du Puy - Loudes, tout en réaffirmant l’intérêt de cette ligne. « La destination Le Puy est affichée dans l’aéroport de Paris-Orly, ce n’est pas rien. » Certe, son maintien « coûte cher, c’est vrai ! Mais c’est le prix, dit-il, de l’aménagement du territoire », ajoutait-il.Dans une interview réalisée au tout début du mois d’avril, Éric Moret, le directeur général de la compagnie Twin Jet, estimait la perte enregistrée sur une année pleine entre 800.000 euros et 1 million d’euros.Interrogé la semaine passée, encore, il réitérait son constat de non-rentabilité :
On ne pouvait pas continuer. Il n’y avait pas le trafic passager et donc les recettes. Cette ligne était déjà extrêmement déficitaire avec la subvention. C’est dommage, il n’y a pas eu de solution pour la maintenir temporairement.
En conséquence, Twin Jet a décidé d’arrêter son activité le 16 avril dernier, après en avoir informé plusieurs mois avant la Communauté d’agglomération du Puy-en-Velay. « On aurait souhaité trouver une solution juridique et financière pour maintenir la ligne jusqu’au nouvel appel d’offres, mais ça n’a pas été possible », complète Éric Moret.La collectivité en compétence sur ce service a donc lancé un nouvel appel d’offres, en modifiant le cahier des charges (notamment la fréquence des liaisons). La fin du dépôt des candidatures était fixée au 10 mai dernier.
Deux candidats ont répondu à l’appel d’offresComme elle l’avait déjà annoncé précédemment, la compagnie Twin Jet a candidaté : « Nous espérons que nous serons retenus pour la reprise de la ligne au 1er septembre prochain, comme c’est prévu dans le décret et dans l’appel d’offres ». À noter qu’« une autre » compagnie a candidaté, selon Michel Joubert,Mais la question de la rentabilité reste en suspens. « On ne sait pas si ce sera plus jouable économiquement qu’avant. Le décret est d’une complexité absolue. Un certain nombre de cas sont prévus pour réduire le programme des vols, pour mieux coller à la fréquentation de la ligne ». Ce que l’on comprend à la lecture de ce document, c’est que seul le vendredi matin a été officiellement supprimé. D’autres rotations sont potentiellement supprimables dans la semaine, sous conditions (lire ci-dessous).
Cédric Dedieu
Des conditions d’exploitation complexes et contraignantes
Le décret concernant les services aériens réguliers entre le Puy-en-Velay (Loudes) et Paris (Orly) est paru au journal officiel le 31 décembre dernier. Il précise les obligations de service public imposées à l’exploitant de la ligne.Un premier paragraphe est consacré aux fréquences minimales de cette ligne. En l’occurrence, les services doivent être exploités, toute l’année en semaine, au moins 220 jours par an, hors jours fériés (et sous réserve des périodes de délestages autorisées, selon le schéma Le Puy-en-Velay – Paris – Le Puy-en-Velay).La fréquence minimale est fixée à deux allers retours par jour, le matin et le soir, du lundi au jeudi et un aller-retour le vendredi soir.Leur fréquence peut être réduite sur certaines périodes. Photo DRConcernant les possibles de délestages, les conditions sont à la fois drastiques et complexes. Il faut déposer un préavis minimum de trois mois. Pour la durée de la saison aéronautique à venir (ou en cours), le transporteur peut ne pas réaliser l’aller-retour du lundi soir ainsi qu’un retour le matin au Puy-en-Velay et un départ le soir du Puy-en-Velay, le mercredi. Le délestage ne peut être mis en œuvre que si le nombre de passagers transportés sur la liaison au cours de la semaine équivalente l’année précédente est inférieur à 130 passagers pour le lundi ; 150 pour le mercredi.Avec un préavis minimum de trois mois, le transporteur peut également interrompre les services les jours fériés (ces délestages peuvent être étendus à la veille ou au lendemain du jour férié lorsque celui-ci tombe en semaine et crée un pont) ; pendant les petites vacances scolaires ; durant une période continue de cinq semaines pendant les vacances scolaires d’été.Autre condition : les vols doivent être réalisés sans escale intermédiaire entre Le Puy-en-Velay et Paris (Orly).
L’aller retour à 399 euros TTC maximumLe document officiel précise en outre que « les services doivent être assurés au moyen d’un appareil pressurisé d’une capacité minimum de 18 sièges, doté d’un système permettant des procédures d’approche par satellite ».Concernant les horaires, ils doivent permettre aux usagers, du lundi au jeudi, d’effectuer un aller-retour dans la journée avec une amplitude à destination d’au moins 8 heures à Paris et d’au moins 7 heures au Puy-en-Velay et le vendredi soir de partir de Paris après 18 heures, en dehors des périodes de délestages autorisées.En termes de tarifs, le prix maximal d’un billet en aller-retour est de 399 euros TTC (valeur année 2022, base indice Indice des prix à la consommation harmonisé mensuel). Il sera révisé chaque année sur la base de l’indice des prix publié par l’Institut national de la statistique et des études économiques.Sauf cas de force majeure, le nombre de vols annulés pour des raisons directement imputables au transporteur ne doit pas excéder, par an, 3 % du nombre de vols prévus (616 pour une période de 12 mois).