A la Cour des Arts, à Tulle, le collectif Poupées sauvages présentent quatre manières d’accommoder le textile et des objets de récupération pour les transformer en poupées. Original et sensible.
Ils sont quatre artistes, chacun travaillant à leur manière le textile, le fil et les matériaux recyclés. Quatre qui, regroupés dans le collectif Poupées sauvages, exposent à la Cour des Arts une ribambelle de créations « libres et singulières » - du nom de l’exposition. « On expose ensemble, parce que nos personnages ont des choses à se dire », glisse Pascale Doazan.
Elle, travaille la gaze et des objets issus des usines de moulinage du pays lyonnais. La circassienne, la femme tout en rondeurs, la petite sorcière, le bonhomme en rose, le danseur turc… Sa ronde des poupées, comme un retour en enfance, est pleine de fantaisie et de poésie.
Peuples des prairies ou de la nuitSes « petits peuples », Catherine Espejo les a fait naître « au fur et à mesure que mes mains trituraient le textile ». Des fragments plutôt, de tissu, de papier ou de végétaux qui, alliés à des objets de récup’, constituent des séries de « petites formes assez complexes avec tous leurs détails à observer de près ». Peuples des bois, des prairies, de la nuit, des océans ou de la ville, « des petits personnages facétieux qui surgissent, comme des personnages récurrents au bas des pages d’une BD, pour faire des petits commentaires », s’amuse-t-elle.
C’est son histoire, son identité et son patrimoine que Catherine de Robert, costumière de profession, a eu envie de raconter à travers ses poupées. Aiguilles à tricoter, canette de fil, fourrure de loup ramenée du Canada, bois flottés, burette d’huile de sa mère…Dans la ronde des poupées de Pascale Doazan.
L'identité au bout du fil« A l’arrivée des migrants sur les côtes de l’Europe, avec le peu de bagages qu’ils transportaient, je me suis demandé” qu’est-ce qu’ils donnent à voir d’eux-mêmes ? Et moi, qu’est-ce que j’emporterai si je devais partir ? J’ai eu envie de travailler en volume et en spontanéité, en partant d’objets de mon patrimoine familial agencés avec des fils et des textiles, que je teins moi-même. »
Voyage à travers le monde et son histoire personnelle avec les poupées de Catherine de Robert.
Une même liberté éclaire les personnages de Denys Colin. Ses broderies à plat sortent du cadre, prennent du volume et deviennent patineur, ange bleu ou Nabuchodonosor, avec tête de porcelaine, mains de Barbie, boules de fils ou tissus usagers. « J’adore les choses qui sont abandonnées et rouillées, et j’aime les assembler comme si je faisais du neuf-vieux. Et petit à petit, ça devient vivant. »
A voir aussi...Ces quatre artistes exposent aussi de grandes toiles de gaze brodées ("j'ai toujours été attirée par la fragilité, la finesse, la transparence", note Pascale Doazan) ; des étiquettes de vêtement transformées en petits totems, qui disent que "derrière la parade, tout n'est pas joli joli", commente Catherine Espejo, et des aiguilles de pin brodées avec des fils de coton qui deviennent tableaux du mouvement et de la danse ; de grandes tentures teintes et brodées (Catherine de Robert) ; enfin, des broderies à plat qui débordent du cadre, font volume avec des photos ou des perles juxtaposées (à voir, un portrait de Frida Kahlo forte de l'amour que lui porte Denys Colin).
Exposition « Libres et singulières » à la Cour des Arts, rue des Portes Chanac (du mardi au samedi, de 12 h à 18 h), et au Point G, place Mgr-Berteaud, jusqu’au 14 juin (24 h/24). Contact : 05.44.40.97.37.
Blandine Hutin-Mercier
