L’entreprise Aux Ardoisières de Corrèze ouvre un magasin à Brive. Mobiliers, décorations intérieures et extérieures ... Elle ne fait pas que de la toiture.
"Chaque pièce est unique", assure, non sans un zeste de fierté, Arnauld Debay, en laissant glisser sa main sur une élégante vasque de couleur noire. De l’ardoise, légèrement veinée de quartz.
Tables, bureaux, récepteurs de douche, décorations extérieures… Dans la boutique de l’entreprise Aux Ardoisières de Corrèze, qui ouvre ses portes à Brive (Corrèze) ce vendredi 26 avril, tout sera confectionné à partir de cette roche.
Faire connaître ses produits de décorationsÀ première vue, rien ne prédestinait vraiment Arnauld Debay à s’intéresser à la pierre. Dans une autre vie, l’homme était militaire. Diplômé de la prestigieuse école de Saint-Cyr, ce Francilien a d’abord servi près de dix-sept ans dans l’armée de terre, dont une grande partie au 126e régiment d’infanterie de Brive.
Et puis, en 2022, après son retour de mission au Mali, c’est le changement de vie. Arnauld Debay reprend Aux Ardoisières de Corrèze, la mythique entreprise locale, et en devient le directeur général. Et si jusqu’à présent la société était plutôt réputée pour ses toitures ; l’homme, compte bien montrer aux Corréziennes et Corréziens que les ardoises d’Allassac et Travassac peuvent aussi bien finir sur leur toit que dans leur maison.
Ce magasin est donc l’occasion de "commercialiser un peu plus" leurs produits de décorations et de sensibiliser les professionnels et les particuliers à leurs produits. Un moyen, aussi, de diversifier les sources de revenus: "Le marché du bâtiment fonctionne un peu moins bien actuellement", confie l’ancien militaire.
Arnauld Debay, ancien militaire, a repris l'entreprise en 2022.
Une roche "hermétique" et "chic"Que ce soit pour la toiture ou les meubles, l’ardoise a des propriétés intéressantes, atteste Arnauld Debay.
"C’est une roche qui est hermétique à l’eau et qui est quasiment inaltérable, contrairement au bois qui vieillit ou au calcaire qui peut devenir poreux avec le temps."
Et puis, l’ardoise a ce "côté chic avec des tons allant du gris-bleu au noir", poursuit le quadragénaire. Avec quelques notes de variations. Ainsi, quand la roche d’Allassac tire vers des couleurs gris bleuté, celle de Travassac garde un côté plus lisse et plus noir. Bref, il y en a pour tous les goûts.
Une vasque de lavabo en ardoise.
Travailler cette roche, c’est aussi entretenir l’artisanat d’ici. "L’idée, c’est de vendre un produit fini" tout en montrant "le savoir-faire corrézien". Arnauld Debay travaille ainsi au maximum avec d’autres artisans du département : une entreprise de fer forgé d’Égletons, une menuiserie à Donzenac, une corderie à Saint-Pantaléon. Le mot d’ordre : "Ce qu’on peut faire chez nous, il n’y a pas de raison de le faire faire ailleurs", insiste ce passionné. Même si, pour certaines pièces, il doit faire appel à des partenaires en Espagne, Portugal ou Brésil. Côté sous, "il y a autant de prix et de choix d’ardoises qu’il y a de clients".
Les plateaux de tables sont estimés "entre 1.000 et 2.500 euros", les vasques "entre 300 et 1.500 euros". Temps de travail, unicité de la pièce, demande particulière… Tout est à prendre en compte pour ces "pièces uniques ". Mais de plus petits objets existent aussi, à l’instar de plateaux de fromages et de glaçons. Exit les cubes d’eau glacée, voici les cubes d’ardoise, car « cette roche a une très grande inertie. Elle accumule le froid et le restitue sans désagréger la boisson. » Un objet bien frais, bien minéral, en somme.
Des glaçons en ardoise pour rafraîchir les boissons.
Un plateau de fromage fait avec de l'ardoise et des cordes de Corrèze.
Aux Ardoisières de Corrèze : ouverture vendredi 26 avril au 121 avenue Jacques et Bernadette Chirac, à Brive. Information : 05.55.85.78.39
Texte Camille Gagne Chabrol, photos Fabrice Combe