Désormais 10e au général après son coup de moins bien dans la montée du puy de Dôme (26e de l’étape, à près de 2’30” de Pogacar), Romain Bardet n’est plus une menace pour les deux cadors du Tour. Et l’Auvergnat du Team DSM compte en profiter pour passer à l’offensive et gagner une étape.
Vous êtes-vous bien remis de ces 4 derniers kilomètres difficiles pour vous dans le puy de Dôme ?
Ça va bien. Je suis très content d’être à Clermont pour quelques jours. Pour reparler de la course, c’était très difficile bien sûr, sur le puy de Dôme, mais c’était une très belle fête populaire. Et là, on la prolonge en restant trois jours de plus ici, donc le moral est très, très bon.
"L’Auvergne a honoré le Tour de France"Avez-vous été surpris par la ferveur populaire dans la montée de la Baraque ?
Non, je m’y attendais. C’était pour tous les locaux un grand événement. On en parle depuis que ça a été officialisé, à l’automne dernier. Mais j’ai eu des retours d’autres coureurs qui étaient surpris de l’affluence. L’Auvergne a honoré le Tour de France.
Comment avez-vous vécu le décalage entre la foule et ensuite ces quatre derniers kilomètres sans public ?
Cela a été un vrai contraste. En plus, je me suis retrouvé dans le dur sur le puy de Dôme, tout seul, face à moi-même, en étant lâché. Je cherchais des repères visuels et il n’y avait que quelques gendarmes, tous les 20 ou 30 mètres qui étaient là. Donc, c’était spécial. Et aussi au sommet. Le site ne faisait pas arrivée du Tour, en haut. C’était unique, très particulier.
Monter le puy de Dôme en course n’a rien à voir avec le faire à l’entraînement…
Oui, je suis monté bien moins vite que je l’ai déjà escaladé. C’était une journée particulière. Il y a eu un gros départ pour une trentaine de minutes, sur les routes âpres du Limousin. On a roulé après assez tranquillement dans le peloton. Il y a juste eu une grosse bataille de position pour arriver dans Clermont. Cela a été un effort maximum d’un coup. Et avec la chaleur, écrasante, pour moi cela a été un vrai choc. Je n’étais pas à mon maximum physique sur l’ascension.
"Quand ça dégoupille, ça va juste trop vite"Quel bilan faites-vous de la première semaine ?
En termes de résultats, ce n’est pas super. Mais je me sens bien. Il faut que j’arrive juste à évoluer constamment à mon niveau. Parce qu’il y a eu la première étape au Pays basque, où je n’étais pas à mon niveau. Et dimanche pas du tout. Même si je suis confiant pour la suite parce que je sens que je récupère bien et qu’il y a beaucoup de belles étapes qui peuvent me convenir, il faut que je rentre plus dans la course en tant qu’acteur.
Qu’attendez-vous de la suite du Tour ?
De créer cette opportunité-là justement pour aller devant (en échappée). Maintenant, je ne suis plus du tout une menace pour le général. C’est une position qui est pas mal avec encore 12 jours à courir.
La fin de la deuxième semaine s’annonce difficile. Donc, il y aura des opportunités, forcément, pour se projeter à l’avant, aller chercher une victoire d’étape et faire des rapprochés au général.
Est-ce vous qui n’avez pas été à la hauteur de ce que vous pouvez faire ? Ou est-ce le niveau de vos adversaires qui a augmenté ?
Le niveau, oui, bien sûr... Je déteste réécrire l'histoire, mais je ne suis pas au maximum. Là, jusqu'ici, par rapport à mon référentiel physique, je suis en dessous de ce que je peux faire. Donc, c'est surtout ça, la clé : c'est d'arriver à mettre tout bout à bout pour... (performer). Parce que je pense que la forme est bonne. Sauf que voilà, j'ai du mal avec les montées sèches, un peu la chaleur. Il faut que j'arrive à être meilleur dans ces conditions-là.
Restez-vous très attaché à un bon classement général sur le Tour ?
Oui, dans une certaine mesure. Après le fait est que dans la hiérarchie, pour l’instant, sans parler des deux premiers, il y a trois ou quatre coureurs qui ont un niveau supérieur à moi sur cette première semaine. Donc, il faut user de coups tactiques et évoluer à mon meilleur niveau à certains moments pour essayer de revenir dans le match.
Vous avez été deux fois sur le podium du Tour, mais il n’est plus accessible…
Il faut se rendre à l’évidence. Quand Vingegaard et Pogacar sont dans leur plan de course comme au puy de Dôme ou dans Marie-Blanque, personne ne peut jouer avec eux. Même Jai (Hindley), qui a fait une super course, est obligé de prendre un coup d’avance (en s’échappant comme à Laruns, où l’Australien avait pris le maillot jaune, ndlr). Parce que, quand ça dégoupille, ça va juste trop vite.
Quelles sont vos raisons d’espérer en des jours meilleurs ? Votre expérience des grands tours ? Le profil des étapes à venir ?
Les deux. J’espère être bien, les deux prochaines semaines. Pour moi, les feux vont être au vert. Il me faut juste trouver cette ouverture. Et c’est le plus difficile. Pour se trouver dans le bon groupe, quand ce sont des départs qui ne se font pas en côte, ce n’est pas évident. Les équipiers sont très forts et les Jumbo (qui contrôlent la course, ndlr) aussi. Donc, il faudra être malin et essayer de se faire oublier.
Raphaël Rochette