Touché « de plein fouet » par les conséquences de la crise du Covid, le service compétition de Michelin se prépare avec enthousiasme à un redémarrage sur les chapeaux de roues, comme nous l’explique son directeur Matthieu Bonardel.
LE CONFINEMENT
« Avec l’interdiction des rassemblements publics et celui des déplacements, Michelin Motorsport a été touché de plein fouet. Du jour au lendemain, notre usine s’est arrêtée, soit 600 personnes sans activité. Nos équipes opérationnelles, celles qui accompagnent les teams sur les courses, se sont retrouvées sans mission. Comme partout chez Michelin, du télétravail a été mis en place, mais on a rapidement compris que cela ne suffirait pas parce que la base de notre métier est d’être sur le terrain. Sur le principe du volontariat, beaucoup de salariés se sont impliqués dans des activités utiles, comme par exemple la fabrication des pneus pour le transport de marchandises ou pour l’agriculture. Une partie de notre effectif s’est aussi reconvertie dans la fabrication de masques. Nos équipes de recherche/développement ont travaillé sur des projets à plus long terme. Il y a eu un magnifique effort collectif réalisé. »
Nous avons des épreuves concentrées sur six mois au lieu de douze et nous avons dû prioriser et effectuer un pilotage de l’outil de production très fin pour fournir tous les pneus
LA REPRISE« Si je devais résumer, je dirais qu’on a trois challenges pour les mois à venir. Le premier est industriel, car finalement il y a eu plus de reports de courses que d’annulations pures et simples. Nous avons des épreuves concentrées sur six mois au lieu de douze et nous avons dû prioriser et effectuer un pilotage de l’outil de production très fin pour fournir tous les pneus. Le deuxième challenge est organisationnel. Dans un calendrier condensé, personne ne peut être à plusieurs endroits en même temps. Notre organisation a été adaptée pour fournir à nos partenaires et à nos clients le même niveau de service tout en étant moins nombreux sur place, dans le respect des règles imposées par les mesures sanitaires. Enfin, le troisième et dernier défi est humain, car notre travail demande d’être en contact permanent avec nos partenaires. Difficile de donner des recommandations à des pilotes et à des équipes chevronnés sans se regarder droit dans les yeux ! Finalement, il faut voir dans ces contraintes des opportunités pour s’améliorer et innover. »
Nos équipes piaffent d’impatience ! Pendant trois mois, on leur a enlevé bien plus qu’un métier, leur passion. Aujourd’hui, l’envie de retrouver la voie des compétitions est très forte et la motivation est à son comble. Chaque salarié chez nous est comme un pilote avant le départ des 24 Heures du Mans.
LE CALENDRIERLes équipes dirigées par Matthieu Bonardel se préparent à un redémarrage de leur activité sur les chapeaux de roue.« Nos équipes piaffent d’impatience ! Pendant trois mois, on leur a enlevé bien plus qu’un métier, leur passion. Aujourd’hui, l’envie de retrouver la voie des compétitions est très forte et la motivation est à son comble. Chaque salarié chez nous est comme un pilote avant le départ des 24 Heures du Mans. L’équipe est consciente de devoir enchaîner les missions durant une période où ils ne toucheront plus terre pendant 26 ou 27 week-ends. Jusqu’à fin novembre, la séquence va être un marathon couru comme un sprint avec une ou plusieurs courses pratiquement chaque semaine. Une épreuve en Europe un week-end et voilà que l’on s’attaque au volet américain, en championnat IMSA, le week-end suivant. La première course internationale signera la reprise du MotoGP à Jerez (Espagne) la semaine prochaine. En Andalousie, c’est actuellement l’été alors que la course était initialement programmée au printemps. Le défi est donc de taille. Les conditions météo seront très différentes par rapport à celles prévues et elles nous obligent à changer la constitution de nos pneus. Les 24 Heures du Mans par exemple, décalées de juin à septembre, vont nous offrir des conditions différentes : il fera plus frais, il aura sans doute plus de pluie et la nuit viendra plus tôt. »
E-sport Déjà présent dans le domaine (partenariat avec le jeu de simulation auto Gran Turismo signé en 2019), Michelin a, comme beaucoup d’acteurs des sports mécaniques, profité du confinement pour accélérer son implication dans le e-sport, avec notamment l’organisation des 24 Heures du Mans virtuelles. « C’est un accès vers une population plus jeune, plus engagée mais tout aussi experte, selon Matthieu Bonardel. Cela nous intéresse parce qu’il y a un parallèle évident avec le monde réel. Nous avons tous l’objectif de rendre le monde virtuel proche de la vraie vie, tout en exploitant son potentiel de créativité ».
Frédéric Verna