Le budget de crise 2020 du conseil départemental du Puy-de-Dôme a été adopté. Si aucun des 62 conseillers n’a voté contre, 36 élus se sont abstenus ; et 26 ont voté pour.
Malmené depuis des mois par son aile gauche qui voit en lui un président décrit comme « illégitime » car minoritaire avec un groupe de 11 conseillers départementaux sur un total de 62, Jean-Yves Gouttebel allait-il parvenir à faire adopter son budget et éviter la mainmise de la chambre régionale des comptes sur les comptes de l'assemblée ?
La réponse est oui. Sauf qu'en dépit de ses incantations à laisser de côté les postures politiques et à se rassembler derrière un budget de crise « très social» pour aider les Puydômois à se relever de la crise économique post Covid-19, 36 conseillers sur 62 se sont abstenus.
La défiance des élus de gaucheParmi eux, les élus de gauche des deux groupes La Gauche 63 et des Socialistes et apparentés. En s'abstenant, ils ont voulu montrer que leur défiance envers le président de l'assemblée - vu comme trop proche d'Emmanuel Macron - restait intacte. Même si leurs propositions et amendements ont, en grande partie, été retenues durant la session.
« La crise liée au Covid et à la perte de votre majorité explique que vous nous ayez demandé de vous faire des propositions budgétaires... C'est le budget des forces de gauche, car vous avez accepté en grande partie nos propositions. Depuis des années, notre groupe vous demande des moyens supplémentaires dans le domaine de l'action sociale. La confiance que nous vous accordons est donc toute relative. C'est le rapport de force que nous avons instauré qui vous a obligé à prendre ce virage social », a déclaré Jocelyne Glace le Gars, pour la Gauche 63.
Pour le groupe Socialistes et apparentés, Alexandre Pourchon a enchaîné.
« On avait le devoir de n'oublier personne sur le bord de la route et c'est ce qu'on a fait. On s'est battus avec tous les élus socialistes pour obtenir des avancées pour nos concitoyens et aussi pour nos partenaires. On a œuvré à bâtir des propositions sociales et solidaires. Mais il a fallu batailler pied à pied pour obtenir, parfois contre votre avis, ces avancées : je pense au CDEF où seuls les deux groupes de gauche ont voté pour. On ne va pas entraver ce budget, mais demain, vous n'aurez pas plus notre confiance ».
Pour mémoire, en février dernier, lors de la dernière session, ces deux groupes avaient quitté la salle avant le débat sur les orientations budgétaires, faisant un procès en légitimité au président qualifié de minoritaire.
Pas de consigne au sein du groupe l'Union des RépublicainsSe refusant à voir dans ce budget « celui de la Gauche 63 » et appelant à se tenir loin « de toute chicaillerie politique et de toute guerre politicienne », Jean-Marc Boyer, pour l'Union des Républicains, n'a pas donné de consigne de vote aux 19 membres de son groupe. Résultat, ceux-ci se sont repartis en une presque égale moitié entre abstention et vote favorable...
« Je n'ai pas l'intention de voter le budget de la Gauche 63 ! Le budget amendé que nous votons est celui qui a été présenté par votre exécutif, avec l'ensemble des propositions faites par TOUS les groupes politiques... »
Au nom des quatre élus ex-membres du groupe Socialistes, radical et républicain ayant pris leur indépendance, Laurent Dumas a voté pour un budget décrit comme « social ». « Ce budget va dans le bon sens car il y avait des manques dans le passé. Même s'il "tape" un peu dans les réserves... Il faudra faire attention que le capital des emprunts soient couverts. Sinon, la variable d'ajustement sera le contribuable. Il faudra aussi rappeler à l'Etat que les Départements en pointe au niveau du social devront être aidés. »
« Merci, au nom des Puydômois et de nos partenaires »Pour le groupe Socialiste, radical et républicain, Eric Gold a retenu de la session «le climat de respect mutuel qui tranche avec des débats précédents. Il n'a pas été compliqué de trouver des convergences car la crise a mis en exergue des besoins. La réponse sans augmentation de la fiscalité va permettre d'amortir les effets de la crise. Ces réponses ont été rendues possibles grâce à une gestion rigoureuse faite par le Département depuis de nombreuses années », a résumé l'élu, qui aurait souhaité, pour le symbole, un « vote pour » à l'unanimité. Jean-Yves Gouttebel a conclu la session en remerciant l'assemblée pour ce vote «au nom des Puydômois et de l'ensemble des partenaires puydômois. »
Nicolas Faucon