Les cheminots britanniques qui protestent contre le coût de la vie prévoient cinq jours de "graves perturbations". Au Royaume-Uni, les grèves qui durent depuis six mois ont déjà perturbé les fêtes et reprennent de plus belle en janvier.
Quelque 40.000 cheminots, travaillant pour Network Rail, le gestionnaire public du réseau ferré, mais aussi 14 compagnies de train privées, observent quatre jours de grève à l'appel du syndicat RMT. Le syndicat de conducteurs de trains, Aslef, appelle à un jour supplémentaire de débrayage.
RMT, qui a lancé en juin la plus grosse grève en 30 ans dans le secteur, demande de meilleurs salaires face à l'inflation qui frôle 11 % dans le pays, mais aussi des garanties sur les conditions de travail. Le syndicat accuse le gouvernement conservateur, qui veut réformer le secteur, de bloquer les négociations.
Network Rail a prévenu que de "graves perturbations" étaient attendues cette semaine sur plusieurs portions du réseau ferré, appelant les Britanniques à "ne voyager que si c'est absolument nécessaire".
La santé, la poste et les télécoms aussi concernésLes grèves pour les salaires se sont multipliées dans de nombreux secteurs ces derniers mois au Royaume-Uni, touchant notamment la santé en décembre avec un débrayage des infirmières puis des ambulanciers, mais aussi les postiers ou encore les opérateurs des télécoms.
De nombreux mouvements se poursuivent en janvier, avec les ambulanciers à nouveau en grève les 11 et 23 et les infirmières qui débrayeront à nouveau le 18 pour deux jours, alors que le système de santé britannique, sous-financé depuis des années, est sous pression.
Plusieurs organisations de médecins ont alerté lundi sur la crise frappant les services d'urgence où, selon eux, de nombreux patients meurent faute de soins adéquats ou à temps, appelant le gouvernement à répondre à la grogne sociale montante.
Les transports ont été perturbés au moment des fêtes par des grèves des cheminots mais aussi des agents de circulation sur les autoroutes britanniques, des agents de nettoyage dans les trains et de certains conducteurs de bus à Londres. La majorité de ces mouvements se poursuit en janvier.
Un mouvement de grève de la police aux frontières, qui s'est étendu sur huit jours fin décembre, a entraîné un déploiement de militaires dans plusieurs aéroports britanniques pour remplacer les agents grévistes.
Contestation d'une ampleur inéditeLa vague de contestation qui frappe le pays est d'une ampleur inédite depuis des décennies. Le gouvernement reste inflexible face aux revendications des grévistes et envisage même de durcir la réglementation sur le droit de grève.
Le Premier ministre, Rishi Sunak, avait estimé fin décembre que la lutte contre l'inflation impliquait "d'être responsable lorsqu'il s'agit de fixer les salaires du secteur public" pour ne pas alimenter encore d'avantage les hausses de prix.
Selon un sondage YouGov publié fin décembre, deux tiers des Britanniques soutiennent les grèves des infirmières, 63 % celle des ambulanciers. La grève dans le rail est moins populaire, soutenue par 43 % des personnes interrogées.
"Les syndicats (du rail) ont décidé qu'ils voulaient faire grève cette semaine, ce qui est profondément inutile, nuit au secteur ferroviaire et aux intérêts des personnes qui y travaillent", a déclaré mardi sur Sky News le ministre des Transports, Mark Harper. Le ministre assure "travailler dur" à la résolution du conflit entre les entreprises ferroviaires et les syndicats, et indique qu'une offre est sur la table.
AFP