Le syndicat des musiques actuelles (SMA) tient congrès à Clermont-Ferrand ce mardi 13 et mercredi 14 septembre.
Après Marseille en 2021, Clermont-Ferrand et la Coopérative de Mai accueillent le congrès national du SMA (Syndicat des Musiques Actuelles), ce mardi 13 et mercredi 14 septembre. Créé en 2005, cette organisation d’employeurs est aujourd’hui composée de plus de 550 entreprises de la filière des musiques actuelles. Particulièrement actif durant ces deux dernières années, pour défendre les intérêts des lieux de spectacle vivant, le SMA représente ainsi des salles de concerts (dont la Coopérative de Mai), des festivals, des producteurs, des labels, des centres de formation, des radios, ainsi que des fédérations et réseaux.
Pendant deux jours, entre plénières et ateliers (l'écologie, la formation professionnelle, le streaming, les programmes d'aides du CNM (centre national de la musique), la recherche et le développement, les enjeux de recrutements pour la filière, etc), c’est l’occasion d’échanger, de débattre, de discuter entre professionnels, tout en découvrant les richesses d’une métropole et d’un territoire aux grandes ambitions culturelles, à quelques mois du dépôt de la candidature à la Capitale européenne de la culture 2028.
Tour d'horizon(s) avec ici Aurélie Hannedouche et Laurent Decès respectivement directrice et président du SMA, lesquels ne dressent pas un constat très réjouissant mais veulent mettre en œuvre les solutions qui permettront de (re)trouver les équilibres nécessaires à la bonne vie du secteur. « Certes, la situation est tendue, mais quoi qu'il en soit nous n'allons pas arrêter de faire des concerts » insistent-ils.
Post-Covid et... Si l'on pouvait imaginer que le post-Covid allait correspondre à une sorte de déferlante du publi, ce n'est pas vraiment le cas... « Pour parler des festivals de l'été, effectivement, certains, peu importe leur taille où leur programmation, ont cartonné tandis que d'autres ont galéré, mais il est très difficile de savoir pour quelles raisons. Cela dit, même ceux qui ont bien bossé ont perdu de l'argent ».
« Cette année nous avons une sorte d'amortisseur avec les crédits France relance aloués par le CNM, donc la plupart des acteurs ont pu avoir une aide. Aide qu'il n'y aura pas l'an prochain... »
« Quelque chose s'est passé pendant ces deux années de pandémie, et nous avons du mal à le maîtriser. Entre l'effet après-Covid et les effets de la guerre (inflation, augmentation des coûts, etc), le contexte de reprise est compliqué ».
... Retour des publics. « Dans les festivals comme dans les salles la reprise était difficile. C'est très alétatoire. Certaines dates cartonnent, d'autres sont plus poussives. Nous ne comprenons pas réellement pourquoi. Est-ce lié à la baisse du pouvoir d'achat ? Est-ce que l'on a perdu l'habitude de sortir ? Est-ce aussi parce qu'il y une sorte de surrenchère dans l'offre avec tous les reports et les nouvelles sorties ? Nous travaillons à ce que le centre national de la musique observe ce phènomène et nous partage des données pour nous aider à comprendre et agir. On parle-là de données plus fines qu'un simple "il y a eu 20 % de moins..." »
SMA et intérêt général. « Nous avons notamment lancé une campagne baptisée Vous n'êtes pas là par hasard qui vise à mettre en exergue les initiatives, notamment des festival du SMA qui sont tournés sur l'intérêt général, l'ancrage territorial, de façon à dire aux publics et plus encore aux politiques qui peuvent être amenés à financer des festivals que leur argent va enrichir un projet de territoire et non un grand groupe capitalistique. »
Tension et recrutement. « Nous avons du mal à recruter sur les postes de direction, d'administration, etc. C'est compliqué, un peu comme dans le secteur de la restauration. Là encore, iIl y a une vraie tension post-Covid, y compris sur les ressources techniques. Les festivals, par exemple, ont eu du mal à recruter (techniciens, personnels de sécurité, etc) et même à trouver du matériel. »
Energie et développement durable. « On parle beaucoup des piscines en ce moment, mais la crise pour les équipements culturels existe aussi. Il va falloir les chauffer cet hiver. Or les tarifs sont de fois 2 à fois 6 lorsqu'ils n'ont pas été bloqués. Donc les factures vont être énormes. Certaines collectivités réduisent leurs engagements, les Régions qui doivent chauffer les lycées vont devoir faire des choix, d'ailleurs elles en font déjà... Rhônes-Alpes-Auvergne a fait des coupes que nous ne comprenons pas. D'ailleurs nous constatons qu'il n'y a aucun représentant de la région au congrès malgré notre invitation. »
« L'idée c'est de se mettre autour d'une table, nous sommes tous concernés, très impliqués sur l'impact écologique, ce sera d'ailleurs l'objet du thème de mercredi : "de quelle filière voulons-nous – pour un secteur des musiques actuelles écologiques et durables ". Quoi qu'il en soit, même si la situation actuelle n'est pas réjouissante, nous n'allons pas arrêter de faire des concerts ! Donc il faut trouver des solutions.»
Julien Dodon