Dans la famille Guillemin, je demande les parents, Jeanine et Jean-Luc, qui ont ouvert le magasin Arteis, en 2001, à Aubière (Puy-de-Dôme). Mais aussi la fille, Élise, qui travaille à leurs côtés et qui volera, bientôt, de ses propres ailes.
Vingt ans. Ce n’est pas rien comme anniversaire. Vingt années à construire et à développer, en famille, Arteis. Et aujourd’hui, malgré le temps, malgré la concurrence, cette entreprise familiale, spécialisée dans les loisirs créatifs et les beaux-arts, se porte à merveille.
Origine« Nous avions, depuis 1989, une librairie-papeterie, rue de la Tour d’Auvergne, à Clermont-Ferrand. Avec des collègues, nous avons décidé de monter un groupement de loisirs créatifs et beaux-arts, puis nous avons lancé l’enseigne Arteis, pour la développer en franchise, rappelle Jean-Luc. Nous avons ouvert le premier magasin à Aubière, en 2001 (il en reste une dizaine aujourd’hui en France, N.D.L.R.). À l’époque, des magasins de cette superficie, et dans ce domaine, il n’y en avait pas beaucoup. Nous avons gardé la librairie du centre encore deux ans, puis nous avons arrêté pour nous concentrer sur Arteis. »
Tous nos articles sur le commerce à Clermont-Ferrand
L’arrivée d’Élise« Je ne voulais pas du tout reprendre l’entreprise, admet la jeune femme. J’avais toujours dit que je ne serai pas dans le commerce, car je voyais comment ils s’impliquaient, que c’était la folie. Au départ, ils ouvraient sept jours sur sept ! Je souhaitais voir autre chose. Et puis cela m’a rattrapée. »Jeanine ajoute : « Je n’avais pas spécialement envie qu’elle reprenne. Nous faisions tellement d’heures que je ne voulais pas la voir rentrer dans ce système. »
Le travail en famille« Cela fait dix ans que nous travaillons ensemble, reprend Jean-Luc. Cela se passe très bien. Mon épouse s’occupe de la gestion, moi du commercial et Élise un peu des deux, même si elle est surtout à mes côtés pour les achats. »
La retraite« Je lui ai promis de partir, quoi qu’il arrive… à 88 ans, sourit Jean-Luc. C’est vrai que je n’ai pas envie, même si la retraite, c’est prévu pour 2022, dans six mois.» Élise rigole : « Je me suis faite à l’idée que je les aurai toujours sur mes talons ».Même si Jeanine envisage l’échéance avec beaucoup plus de sérénité, elle ne cache pas son attachement au lieu :
Ce magasin, nous l’avons créé. Cela représente beaucoup pour nous. Et puis on a une clientèle très sympa avec les peintres, les artistes… Tous les gens qui viennent chez nous sont heureux de pousser les portes car ils sont là pour leurs loisirs.
La concurrence« Nous nous sommes toujours attachés à être hyper compétitifs en prix. D’autres enseignes sont arrivées, certaines sont parties. C’est sûr que c’est plus difficile qu’il y a quinze ans. Surtout avec Internet. Notre force, c’est aussi qu’on connaît nos clients, nos produits. Le commerce peut lutter contre l’impersonnalité du web. Les gens ont envie de garder des lieux où on se rencontre, où on échange. »
Les projets« Nous avons déjà agrandi il y a quatre ans, expliquent Jeanine et Jean-Luc. Nous repensons l’agencement pour gagner de la place. Après, il y aura peut-être d’autres évolutions… »« Il y en aura d’autres, c’est sûr !, confirme Élise. Il ne faut rien s’interdire. Pour continuer à exister, il faut se remettre en question. Nous sommes à l’écoute des besoins et des demandes de nos clients. Ouvrir une autre boutique ? Tout est possible. J’ai envie de faire plein de choses. Et si mes parents me laissent faire, je les consulte quand même. J’ai besoin de leur avis. » Une vraie entreprise familiale…
Texte : Marion ChavotPhotos : Thierry Nicolas