Un médecin du service des urgences du centre hospitalier de Montluçon (Allier), qui n'exerce plus dans l'établissement, a été condamné ce mardi 7 décembre 2021 à dix-huit mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel pour des faits d'agression et de harcèlement à caractère sexuel. Les faits remontent à 2020.
À la barre du tribunal correctionnel de Montluçon, ce mardi 7 décembre, l’ancien médecin du service des urgences de l’hôpital public de Montluçon nie presque tout en bloc.
Le 25 octobre 2020, il n’a pas agressé sexuellement une jeune femme souffrant d’une douleur au coude droit consécutive à une chute. Il n’a pas non plus harcelé sexuellement deux infirmières, ni même tenu des propos sexistes à l’encontre d’aide-soignantes.
Suspendu de ses fonctions, le quinquagénaire, qui a refusé de démissionner et a quitté l’établissement en mars 2021 une fois son contrat terminé, a souvent le même mot à la bouche : « jamais ! » Tout juste, reconnaît-il quelques expressions légères du style « la belle » ou « la princesse » à destination du personnel féminin.
L’homme s’estime victime de manœuvres de la part de la directrice qui « voulait que je parte ». L’expertise psychiatrique, elle, révèle certains traits de caractère. Il est « menteur et manipulateur ».
Des chansons d'amourCinq femmes – quatre ne sont pas présentes à l’audience - ont porté plainte et se sont constituées partie civile. Quatre appartiennent au milieu hospitalier et disent toutes la même chose. Le docteur aurait les mains baladeuses, se montrerait familier et insistant avec ses collègues de travail et, le cas échéant, n’hésiterait pas à leur fredonner des chansons d’amour.
Avec la patiente venue en toute confiance aux urgences, l'histoire serait allée beaucoup plus loin. Elle affirme qu’il lui a demandé d’enlever son masque, lui a dit qu’elle était jolie, lui a demandé de l’embrasser à plusieurs reprises, lui a caressé les cuisses avant de porter ses mains autour de sa poitrine.
« Du moment où il a commencé à me draguer, c’est devenu gênant », témoigne la jeune femme qui assure très bien faire la différence « entre un geste professionnel et un qui ne l’est pas ». Le praticien se défend. « Elle a mal interprété mes gestes qui étaient des actes médicaux ».
Ces explications ne sont pas de nature à convaincre le procureur de la République, Loïc Eyrignac, qui sollicite dix-huit mois de prison avec sursis et une obligation de soins. « Il n’y a pas de complot, il a abusé de son autorité et a placé la patiente dans une situation de peur ».
« Il a été livré en pâture »Me Antoine Douet, qui défend les intérêts de la patiente, décrit un comportement de « prédateur sexuel ». « Il est dans une logique de déni qui aurait pu être recevable s’il n’y avait eu qu’une seule plaignante. Il nous dit qu’il ne s’est rien passé et que nous avons affaire à cinq menteuses. Ce n’est pas crédible ».
Pour Me Philippe Benamou, qui plaide la relaxe, « il n’y a pas eu d’atteinte sexuelle » le 25 octobre 2020. Le médecin a « fait son travail et posé des questions d’ordre médical ». L’avocat de la défense estime qu’« on a essayé de chasser » son client de l’hôpital. « Il a été livré en pâture, il fallait châtier le petit fantassin venu travailler en France 27 à 28 jours par mois ».
Le tribunal correctionnel a suivi les réquisitions du procureur de la République en condamnant le prévenu à dix-huit mois de prison avec sursis. En outre, il aura l'interdiction d'exercer toute activité médicale pendant une période de cinq ans.
Fabrice Redon