Années 1960
On associe souvent la grande tradition de la “protest song” à la pop culture américaine (Woody Guthrie et Bob Dylan en tête), mais les exemples affluent aussi de l’autre côté de l’Atlantique, notamment dans le Swinging London. L’émergence de la pop music et son succès fulgurant permettent aux artistes de mettre en lumière des sujets qui leur tiennent à cœur. Certains osent prendre position dans le débat politique, conscients que leurs paroles seront écoutées en masse. Les Rolling Stones sortent en 1968 Street Fighting Man, une chanson contre les violences policières lors de manifestations, souvent considérée comme la plus politisée de toute leur carrière.
Il faut reconnaître que les Beatles proposent un discours plus direct et plus éloquent sur Revolution, publiée à la même période. Les Fab Four ont aussi critiqué sur Taxman une politique d’impôts du gouvernement Wilson (selon laquelle le groupe devait reverser 90% de ses revenus à l’Etat). Du côté des Kinks, Ray Davies excelle dans ses chroniques sociales du quotidien, sourire désabusé aux lèvres. Mais le sujet qui fâche le plus reste bien sûr la guerre du Vietnam, contre laquelle Donovan fait entendre sa voix sur Universal Soldier (reprise de Buffy Sainte-Marie) et John Lennon sur Give Peace a Chance, véritable slogan psalmodié à l’unisson.
Années 1970
On retrouve John Lennon, dès 1971, avec un autre morceau en forme d’injonction pour la paix : Imagine, hymne intemporel, aérien et bouleversant. Cat Stevens choisit lui aussi la douceur pour véhiculer son message pacifiste sur Peace Train. Les seventies sont également la décennie où le heavy metal explose, avec un ton qui se durcit nettement – citons par exemple War Pigs de Black Sabbath, critique ouverte de la guerre du Vietnam. Quand la vague punk déferle en Grande-Bretagne, c’est un tout autre cri de rébellion qui se fait entendre : “No future”.
Dépenaillés et insolents, les Sex Pistols affolent la classe politique et crachent leur venin sur la reine avec leurs brûlots cinglants (Anarchy in the U.K., God Save the Queen…). A l’inverse de cette fureur nihiliste, The Clash développe sa pensée sur de nombreux morceaux s’insurgeant contre la brutalité policière, l’impossibilité de trouver un job et le désespoir social (Career Opportunities, English Civil War, leur reprise de Police & Thieves, The Guns of Brixton, London Calling…). Ouvertement socialistes, multipliant les critiques envers le gouvernement de Margaret Thatcher, Joe Strummer et sa bande s’investissent dans des associations, comme l’Anti-Nazi League et Rock Against Racism.