« L’océan est essentiel à la vie. » Née aux Sables- d’Olonne, Hélène Noesmoen a toujours connu l’océan. À travers la planche, qu’elle a découverte grâce à son père, elle côtoie un terrain de jeu qui se dégrade. « Ce que nous voyons le plus, ce sont les déchets dans l’eau », confie-t-elle désabusée avant de poursuivre. « À Marseille, dès qu’il y a des pluies orageuses, des ordures de la ville se retrouvent dans la mer. Beaucoup pensent, ou disent, que ça vient de loin, mais non. C’est très direct des rues à l’eau. »
« Sportivement, il y a des jours où on ne peut pas s’entraîner réellement, parce qu’on risque trop de chutes et de casse de matériel avec tout ce qu’il y a dans l’eau. Mais c’est juste vraiment désolant de voir ce qui se passe » déplore la championne.
« L’eau est trop rare, il faut la protéger »
L’athlète a accepté de devenir ambassadrice de l’association WaterFamily. «L’eau est trop rare, il faut la protéger. L’organisation œuvre auprès des jeunes pour sensibiliser sur le cycle de l’eau, du moment où elle tombe sous forme de flocon dans les montagnes, jusqu’à ce qu’elle rejoigne l’océan et d’expliquer comment on peut la protéger » explique Hélène.
Si le slogan « du flocon à la vague » leur va comme un gant, l’association met aussi l’accent sur « l’eau invisible ». Celle qui est utilisée lors de la fabrication de vêtements ou pour la production de nourriture. « Cela doit nous faire réfléchir sur notre mode de consommation. Et ce sont forcément des causes qui me touchent. L’océan est mon terrain de jeu et il faut le préserver. »
« Impossible de sensibiliser les gens sans rien faire soi- même »
Pas question pour Hélène Noesmoen d’assister, impuissante, à la détérioration de son premier amour. La sportive réfléchit quotidiennement à son empreinte carbone. Pour elle, « ce serait im– possible d’aller sensibiliser les gens sans soi-même faire attention. » Consommer des produits locaux, de saison, acheter d’occasion « quand c’est possible… beaucoup de gestes simples. Je suis aussi contente de dire que les combinaisons que j’utilise sont fabriquées en matières un peu plus neutres. »
Il y a quelques mois beaucoup d’internautes se sont indignés devant les empreintes carbone de certains footballeurs. Le site memoirevive.org, qui utilise des données satellites pour enquêter et rendre visibles des injustices sociales et écologiques, avait décidé de suivre les vols de la star Lionel Messi de juin à août 2022. Ainsi, pendant un été, ce Gulfstream V immatriculé LV-IRQ, a effectué 52 vols d’une durée totale de 368 heures. Le tout pour 1 502 tonnes de CO2, soit autant qu’un Français moyen en 150 ans.
Évidemment, qui dit Championnat du monde, dit athlètes qui voyagent dans le monde entier. Même si ce n’est pas toujours possible, Hélène tente de limi- ter ses déplacements en avion. « J’habite à Brest et je m’entraîne énormément à Marseille. Il y a des vols directs disponibles, mais je m’attache à prendre le train en permanence, même si c’est un peu plus long. L’impact en termes de pollution, d’émissions de gaz à effet de serre et de répercussions énergétiques est bien moins important », souligne-t- elle.
« Je veux décrocher l’or »
Cela tombe bien. Cette année, Hélène Noesmoen a rendez-vous avec les Jeux Olympiques, où elle représente la France en IQFoil. Et la championne du monde 2021 jouera à domicile puisque l’épreuve aura lieu à Marseille. Là où sa connaissance de terrain l’aidera sans doute. « Ma force réside dans ma capacité d’adaptation. Alors, avec ce plan d’eau complexe… peut-être que ! », juge Hélène, avant d’afficher son ambition, « je veux décrocher la médaille d’or. Mais dans la voile, le niveau est très dense : n’importe quel membre du top 20 peut gagner. Tout est possible ».
Aux Jeux Olympiques de Paris 2024, IQFoil remplace le RS:X pour les compétitions de planche à voile. « Le RS:X, est une planche à voile classique, donc qui flottait sur l’eau. Concrètement, on prend de la hauteur », commente Hélène Noesmoen, championne du monde 2021 de la discipline. Grâce à l’utili- sation de l’hydrofoil attaché sous la planche, « nous sommes surélevés complètement hors de l’eau. Cette partie de la planche fait un petit mètre de haut, et c’est aussi notre marge de manœuvre. Si le foil sort de l’eau, on perd complètement l’appui et on va tomber », pour- suit-elle. Une technologie qui rend le sport encore plus impressionnant et les athlètes vont plus vite. « Tout se passe à haute vitesse. Cela de- mande beaucoup d’attention, de concentration et encore plus de ré- flexes », conclut Hélène.