Pour sa première réalisation, Laetitia Dosch raconte le procès du chien Cosmos, condamné à être “endormi” pour avoir mordu une femme au visage, et dont la cinéaste se fera l’avocate, derrière comme devant la caméra. À cheval entre la fable, la comédie et le film social, Le Procès du chien se nourrit intelligemment de l’esprit décalé de son autrice, qui libère son récit et ses personnages de toutes cases prédéfinies. Ainsi, le film de procès, qui passionne le cinéma français depuis quelques années, est ici détourné au profit de convictions antispécistes défendues par Avril, une avocate hors normes qui rappelle notamment le personnage que Lætitia Dosch avait interprété dans Jeune femme de Léonor Serraille.
Comme dans la scène d’ouverture mémorable où, sous le regard admiratif des chiens du quartier, l’avocate marche au ralenti, les cheveux au vent, sur N.E.M. de Las Aves, Avril avance dans la vie d’un pas décidé, en détournant à sa manière toutes les injonctions sociétales. Quadragénaire sans enfant, spécialisée en “causes perdues” alors que ses collègues masculins s’occupent de grands crimes médiatisés, elle noue une relation fusionnelle avec son jeune voisin maltraité et, tout en refusant l’idée du couple, tombe sous le charme d’un médium en communication animale incarné par Jean-Pascal Zadi – par ailleurs très convaincant dans une scène hilarante où les pensées érotiques de l’avocate entrent en interférence avec celles du chien.
À travers cette comédie intelligemment menée, Laetitia Dosch aborde surtout sans didactisme la question de la place de l’animal dans notre société. Un sujet qui lui tient à cœur depuis longtemps : dans son spectacle Hate présenté en 2018, nue sur un cheval, elle scandait déjà : “Il est temps de traiter les animaux comme nos égaux !”
Le Procès du chien de et avec Laetitia Dosch, François Damiens, Pierre Deladonchamps, Jean-Pascal Zadi. En salle le 11 septembre.