Le président du Fonds international de développement agricole (Fida) soutient que la priorité de l’action contre les changements climatiques, la faim et la pauvreté doit aller à la prospérité des populations rurales
« Investir dans les petits producteurs et productrices agricoles et les entrepreneurs ruraux est la façon la plus efficace de libérer le potentiel immense de l’agriculture de l’Afrique et de systèmes alimentaires pour tous », a déclaré Alvaro Lario, en prélude à la réunion des Ministres de l’agriculture du G7 qui débute demain à Syracuse.
Un communiqué du Fida rapporte que la réunion commencera avec le tout premier Forum de l’agriculture pour l’Afrique du G7, une innovation de la Présidence italienne, qui vise à poursuivre le dialogue entre le G7 et les pays africains sur les opportunités et défis rencontrés par le secteur agricole du continent.
« En Afrique, l’insécurité alimentaire et les changements climatiques compromettent les perspectives de millions de jeunes entrant sur le marché du travail. Développer des économies rurales prospères, sources de nourriture équilibrée et de travail décent, crée de la stabilité. Il faut investir maintenant et à grande échelle dans les petits producteurs et productrices alimentaires en Afrique – c’est sur eux que reposent la sécurité alimentaire et le développement du continent », a déclaré Alvaro Lario.
L’agriculture paysanne fournit jusqu’à 70% des denrées alimentaires en Afrique et offre des moyens d’existence à des centaines de millions de personnes, jouant ainsi un rôle central dans la sécurité alimentaire du continent. L’alimentation et l’agriculture représentent également une part importante des économies africaines, un secteur qui devrait valoir 1000 milliards de dollars d’ici 2030. Selon les estimations, la croissance économique du secteur agricole contribue deux à trois fois plus efficacement à réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire que celle générée par les autres secteurs.
Au G7, le Président Alvaro Lario plaidera pour des investissements et des politiques qui donnent la priorité aux pratiques agricoles durables, aident les agriculteurs et agricultrices à s’adapter aux changements climatiques et renforcent la résilience. Selon les estimations, les effets des changements climatiques pourraient faire baisser les rendements des cultures jusqu’à 25% d’ici la fin du siècle.
Alors que des millions de jeunes entrent sur le marché du travail chaque année en Afrique, le Président Lario soulignera également que la numérisation, les compétences et technologies « vertes » et l’accès aux financements peuvent rendre les zones rurales plus attrayantes pour les jeunes et les aider à créer de petites entreprises le long des chaînes de valeur alimentaires.
Le Président Lario plaidera par conséquent pour des investissements plus efficaces dans les innovations, les technologies numériques et la connectivité comme moteurs de la transformation des zones rurales. La connectivité permet aux agriculteurs et agricultrices d’avoir un meilleur accès à des informations cruciales concernant les marchés ou la météorologie, de recevoir des conseils agricoles et des alertes sur la météo ou les ravageurs, et de disposer de porte-monnaie électroniques et de services financiers.
L’aide au développement agricole fournie par les pays donateurs stagne depuis dix ans à 4-6% de l’aide publique au développement totale, et de nombreux pays africains font face à des contraintes financières. Dans ce contexte, le Président Lario insistera donc sur le besoin d’innover et de développer et renforcer davantage les mécanismes de réduction du risque pour attirer les investissements du secteur privé, une approche déjà mise en œuvre par le FIDA.
Le Fida s’est engagé à investir dans les populations rurales en Afrique pour transformer le secteur agricole et promouvoir le développement rural. Dans le cadre de son cycle de projets 2025-2027, près de 60% des financements de base du Fonds seront investis sur le continent. En Afrique, 20% de la population, soit une personne sur cinq, est sous-alimentée ou souffre de la faim, ce qui représente au total environ 300 millions de personnes.
Bassirou MBAYE