« Votre intelligence interroge », lançait Me Frédéric Franck, avocat du père Philippe Pouzet, à la cour d’assises du Cantal, mercredi. Son client, l’ancien curé de Massiac, âgé de 70 ans, est accusé d’avoir violé un enfant de 14 ans environ et d’avoir agressé sexuellement trois autres membres de sa fratrie, âgés de 12 à 17 ans, aux alentours de l’année 2017.
À la barre, l’intelligence de Philippe Pouzet le dessert. Le septuagénaire réfléchit beaucoup à l’image qu’il renvoie. Il reconnaît toutes les agressions sexuelles, nie les viols, s’excuse :
Je ne veux pas que l’on croit que je minimise
Mais la cour d’assises s’est aperçue, ce jeudi 7 novembre, que les aveux, venus très tôt dans l’instruction, permettent surtout au prêtre de ne pas avoir à répondre à des questions plus précises.
Il reconnaît un violAcculé, il se dérobe et tente d’inverser les rôles : « Il m’a poussé la tête vers son sexe », « il m’a embrassé longuement sur la bouche », « je n’ai pas le souvenir que ma main ait touché ses fesses… »
« Vous nous présentez un discours lisse en reconnaissant formellement des faits que vous contestez à l’intérieur de vous-même », tance un assesseur. « Cela veut dire que je ne suis pas si intelligent que ça », esquive l’ecclésiastique.
Il admet finalement une seule pénétration anale d’un adolescent aujourd’hui âgé de 21 ans, absent à l’audience. Celui-ci avait rencontré d’immenses difficultés pour dénoncer son calvaire. Le prêtre avait toujours nié. Là encore, dès qu’il est interrogé, il redevient évasif.
Cinq enfants supplémentaires, aujourd’hui adultes, qui dénoncent des abus similaires dans les années 80 et 90, quand ils étaient âgés de 12 à 15 ans, ont témoigné, ce jeudi 7 novembre. Le schéma se renouvelle : une confiance acquise avec des cadeaux, une autorité résultant de sa position d’enseignant, de surveillant, etc., puis des agressions dans le huis clos d’une chambre.
Il ne prendra jamais aucune précaution pour éviter les contacts avec des mineurs. Est-il un prédateur ? « Je ne manipule pas. Il y a une authentique relation d’amitié et après, je dérape. Le mot est faible, excusez-moi. » Est-il pédophile ? « J’ai “posé” des actes pédophiles, mais est-ce que cela rassemble toute ma personnalité ? », interroge-t-il.
Lui seul pourrait permettre à la cour d’appréhender cette personnalité complexe. Il s’y refuse, sans que l’on sache si c’est par choix ou par peur de se confronter à lui-même. L’homme est intelligent et son intelligence interroge.
Pierre Chambaud