Des poutres en bois ancien, des cuves remplies d’eau et de pétales et des feuilles de papier étendues dans un coin. On pourrait presque se croire dans un moulin à papier d’antan. "Mais on est dans l’ancienne écurie de la maison de mes parents", sourit Étienne Gouttefarde. À tout juste 30 ans, le jeune homme vient de lancer sa propre production de papier artisanal.
Jusqu’en novembre de l’année dernière, il était employé au moulin Richard-de-Bas, où il a d’ailleurs tout appris. "Mais je n’étais pas vraiment sur la même longueur d’onde que les nouveaux propriétaires." L’envie d’une production 100 % artisanale, dans la tradition d’antan, ainsi que celle d’avoir le champ libre pour exercer sa licence artistique a poussé Étienne à se lancer en solitaire. Même si au début, tout n’était pas réglé comme du papier à musique.
Une architecture idéale pour fabriquer du papier"Je voulais racheter et retaper un moulin. Mais ça coûte très cher." Qu’importe, celui qui, avant de se retrouver papetier, a eu plus de vies qu’un chat, sait bien comment retomber sur ses pattes. "J’ai pensé à l’ancienne écurie chez mes parents. Le sol a été construit en pente de sorte à évacuer facilement l’eau."
Un agencement qui serait bien utile à un papetier… "En plus, la grange juste au-dessus servait à faire sécher le foin. Donc je me suis dit que du papier y sécherait tout aussi bien." Un élément de plus qui apporte de l’eau à son moulin. Et le voilà parti pour créer son atelier.Grâce à son "tour de France des papetiers", comme il l’a surnommé, Étienne a récupéré autant de conseils et de contacts, que de matériel. "Je vais continuer à me perfectionner auprès d’anciens artisans."
Un voyage initiatique que le papetier a partagé sur sa page Instagram, aux plus de 178.000 abonnés. Qui, en plus de suivre ses aventures, se révèlent parfois être de futurs clients. "On m’envoie souvent des messages pour me dire de continuer, que les gens apprécient que je sois transparent sur ma fabrication. Mais je reçois aussi des commandes."Comme celle de ce restaurateur, propriétaire d’un restaurant étoilé dans la capitale, qui souhaite imprimer ses menus sur des feuilles produites par Étienne Gouttefarde. Mais les chefs ne sont pas la seule clientèle visée par le jeune artisan.
Je produis différents types de papier : des créations avec des inclusions, pour faire du papier plutôt déco, du papier à fleurs, et en ce moment, je suis en train de mettre au point un papier pour aquarelles.
Le Marsacois attache une grande importante à la qualité des produits qu’il utilise, et à leur provenance locale. "Par exemple, la pâte à papier basique est faite à base de papier que la communauté de commune d’Ambert Livradois Forez me récupère dans différentes entreprises."
À terme, Étienne aimerait retourner au savoir-faire d’autrefois, et produire de la pâte à papier en broyant des chiffons, "comme c’était le cas dans les moulins d’antan".
Une production bientôt commercialiséePour l’instant, le papetier est en train de créer un site internet, sur lequel il mettra en vente ses créations. "J’ai aussi été contacté par des boutiques spécialisées dans le commerce artisanal partout en France qui souhaitent vendre mes produits."Côté local, le centre culturel le Bief, à Ambert, proposera lui aussi les productions d’Étienne. Une fois que son activité sera bien lancée, le jeune homme envisage d’ouvrir un atelier ouvert à la visite ainsi qu’une boutique sur Ambert.
"Mais pour le moment ce n’est qu’un projet. Il faut d’abord que tout soit bien réglé ici." Car même un papetier expérimenté ne peut être à la fois au four, et au moulin.
Fanny Rodriguez
Contact. Instagram : @le-dur-de-la-feuille. Le site internet sur lequel Étienne Gouttefarde vendra ses créations sera bientôt accessible via lespapiersdelagrange.com.