Jusqu’où devons-nous soutenir Israël ?Notre solidarité – celle de l’Occident, de l’Europe, de la France – était entière au lendemain des massacres terroristes commis par le Hamas le 7 octobre 2023. Cet engagement aux côtés d’Israël meurtri impliquait un soutien dans les opérations militaires destinées à punir les commanditaires et les auteurs de l’horreur.
Un an après, nous devons convenir qu’Israël nous a trompés. Sous couvert d’éradiquer le Hamas, il a détruit Gaza. Outre les dizaines de milliers de morts, tout a été rasé sur cette bande de terre : les maisons, les routes, les ponts, les bâtiments officiels, le réseau électrique, celui de l’assainissement des eaux. La vie ordinaire à Gaza est désormais impossible, et pour longtemps. Qui ira donc nettoyer puis reconstruire ? Qui paiera pour cela les centaines de milliards de dollars nécessaires ?
Et donc, que deviendront les plus de deux millions de Palestiniens qui vivaient sur ce territoire ? Où iront-ils ? Qui les accueillera ?
Le gouvernement israélien a réglé le futur de l’État palestinien en l’expédiant pour des décennies dans les poubelles de l’Histoire. Il ne faut plus croire ces diplomates français, européens, occidentaux lorsqu’ils évoquent cette « solution à deux États » comme l’unique possibilité d’une paix durable au Proche-Orient. Ces « deux États » sont devenus une chimère. Il est temps de le dire. Et de l’assumer.
Une "forme de punition collective"Enhardis, Benyamin Netanyaou et les siens poussent leur avantage. Chaque jour, ils dépossèdent des paysans palestiniens de leur terre en Cisjordanie pour y installer à la place des familles israéliennes. La communauté internationale condamne cette colonisation, le pouvoir israélien s’en moque. Il bombarde aussi au Liban les populations civiles, les rendant de fait responsables de la présence du Hezbollah dans ce pays. Une forme de punition collective contraire à nos valeurs. Enfin, il prépare une opération de représailles à l’égard de l’Iran qui pourrait décupler l’incendie qui ravage déjà le Proche-Orient.À défaut d’avoir des objectifs clairs, le Premier ministre israélien nourrit un espoir puissant : que Donald Trump revienne à la Maison Blanche.
Alors, il pourra déchaîner la foudre avec l’absolue certitude de l’impunité. Que pourrons-nous dire alors ? Rien. Et faire ? Moins encore.
Nous avons toujours défendu le droit d’Israël à vivre en sécurité dans des « frontières sûres et reconnus ». Ces notions anciennes n’ont plus de sens. Elles sont remplacées par une violence qu’encourage notre impuissance.
Jean-Michel Aphatie
