Elle sillonne la France partout où le RN l’a emporté aux dernières législatives devant des candidats de la gauche. « J’étais en Lorraine le week-end dernier, aujourd’hui je suis en Creuse », confie Clémence Guetté, députée LFI, de passage vendredi à La Celle-Dunoise pour une conférence et ce samedi matin, à Guéret, pour une séance dédicace à la librairie Vies minuscules.
Dans ses mains, Extrême droite : la résistible ascension, un ouvrage collectif de l'Institut La Boétie, paru en septembre, qui a réuni 18 contributeurs, chercheurs, sociologues, intellectuels dont elle a signé la postface et qui montre « que l’extrême droite a des faiblesses » et surtout, que son ascension est « résistible », expliquant en quoi et comment.
« C’est aussi un livre “prétexte”, à se rassembler, se retrouver, discuter », ajoute la vice-présidente de l’Assemblée et députée LFI du Val-de-Marne, « un livre qui donne des outils pour mieux repartir au combat » après les dernières élections législatives. Dans ces pages, « des enseignements stratégiques, des outils, pour nous aider à agir » en vue des prochaines échéances électorales, « une possible dissolution l’année prochaine », « les municipales » dans deux ans.
Démasquer les faiblesses de l'extrême droiteSociologie électorale de l'extrême droite, manque de crédibilité et de financement du programme, manque de propositions dans les domaines du social, de l'éducation, de la santé ou encore de l'écologie, antagonisme entre le discours et les actes, le livre démasque « les faiblesses » de l'extrême droite, en reprenant précisément tout ce qui rend son ascension "résistible", notamment dans des territoires comme la Creuse où les problématiques de services publics, de niveau de vie ou d'accessibilité sont prégnants.
« Je suis députée. Je l’ai vu pendant tout mon mandat : l'extrême droite a voté contre l’augmentation du SMIC, contre les hausses de salaires, contre le blocage des pri. Aujourd'hui, ils valident le budget du gouvernement Barnier, qui est un budget de 60 milliards de coupes budgétaires de l'Etat, donc dans les services publics ».
Le livre se questionne également sur la sociologie électorale, sur qui, aujourd’hui vote véritablement à l’extrême droite. « Il y a beaucoup d’idées reçues, comme par exemple le fait que dans les zones rurales, les ouvriers voteraient pour l’extrême droite », cite pour exemple Clémence Guetté. « En réalité, c’est bien plus complexe puisque l’on voit que le comportement électoral majoritaire des ouvriers c’est aujourd’hui l’abstention », poursuit la vice-présidente de l’Assemblée nationale.
L’ouvrage dévoile également « à quel point le racisme est un déterminant fondamental de vote vers l’extrême droite et à quel point il y a une réelle adhésion à un projet raciste de la part des électeurs d’extrême droite ».
Il s’intéresse également à ses réseaux, « c’est-à-dire qu’est-ce qui permet [sa] montée ». A la « responsabilité immense du macronisme qui a repris les thèmes de l’extrême droite », notamment la loi Immigration, qualifiée par Marine le Pen « de victoire idéologique », resitue Clémence Guetté.
La députée LFI cite également « le système médiatiquement sondagé », l’influence « des faits divers analysés avec le cadrage idéologique de l’extrême droite à longueur de journée sur les chaînes d’informations en continu » sans omettre « la responsabilité aussi de la gauche, notamment vis-à-vis du bilan Hollande ».
« Tout ça porte une désillusion très forte qui a amené nombre d’électeurs à se retrouver dans l’abstention », souligne Clémence Guetté qui appelle cependant à « se remettre en campagne pour aller convaincre prioritairement des gens qui aujourd’hui doutent, n’y croient plus, pour pouvoir leur montrer qu’un autre monde est toujours possible ». Et d'insister :
« Il n’y a pas de résignation face à l’extrême droite. Il n’y a pas de territoire en France qui serait perdu pour la gauche et sur lesquels on n’aurait pas de proposition à faire valoir pour parler au quotidien des gens et pour leur montrer que pour la question des services publics, par exemple l’accession à la santé, à l’école, l’accession même à un guichet postal, pour tout cela on a des réponses politiques à apporter. »