Les Corses appellent cela “la macagna”. Un art très local et très répandu consistant à faire des blagues et de l’humour qu’ils sont d’ailleurs les premiers à retourner contre eux, autodérision garantie. Mais il y a un dérivé, plus viril on dira. Qu’on qualifiera ici de chambrage. Et de cela, il en sera évidemment question ce vendredi soir à Furiani plus qu’ailleurs dans l’île, dans ce vieux théâtre du foot français en réfection qui concentre une version exacerbée de toutes les passions insulaires pour “le ballon”…
Un contexte que le Clermont Foot devra être en mesure d’appréhender face à une formation remodelée par le duo Antonetti-Tavenot, de retour au bercail avec - on l’imagine - l’idée de ramener à terme les Turchini (les Bleus) vers l’élite du foot français. Mais après déjà quelques années à remonter la pente, le Sporting se montre déjà séduisant sous la férule de son binôme complice.
Car avant même de recevoir Clermont, Bastia pointe à une confortable 8e place qui ne demande qu’à profiter et qu’il convient d’appréhender bien au-delà du spectre trompeur du seul classement. Un pécule qui, en vérité, pourrait même propulser le club de Haute-Corse vers les sommets dans le sillage du Paris FC après son match en retard, qu’il disputera à Pau mardi soir (*).
Piquant retrouvé à FurianiD’ailleurs, Bastia s’est payé, il n’y a pas si longtemps, la bobine du leader parisien à l’issue d’une rencontre âpre, et d’un spectaculaire retournement de situation qui ont rappelé combien le site pouvait vite se transformer en volcan. Ce n’est d’ailleurs pas le moindre des mérites de la nouvelle équipe, qui a réveillé un Furiani qui, au-delà de la légende, avait un peu perdu de son lustre et de son piquant ces derniers temps.
Un contexte qui n’a évidemment pas échappé à Sébastien Bichard, le coach de Clermont en évoquant Bastia-Paris FC :
« Un vrai match d’hommes et bien ambiancé », sourit le technicien clermontois qui sait évidemment ce qui attend ses joueurs. « La mentalité qu’ils mettent chez eux, c’est leur marque de fabrique et un état d’esprit. Ils ont raison d’appuyer là-dessus. C’est à nous de faire front. »
S'adapter au contexteReste à savoir avec qui, alors que le coach se satisfait « d’avoir presque tout le monde à disposition ». Néanmoins, on peut penser qu’à une ou deux exceptions près, il devrait faire confiance à une majorité des vainqueurs de Guingamp (4-1). Et pas question de sacrifier, à l’écouter, quelques profils juvéniles sur l’autel du tumulte qui emporte souvent le stade Armand-Césari.
« Non, si l’âge est une chose, l’état d’esprit et la forme du moment prévalent. […] La nouvelle génération est traversée par une forme d’insouciance. » Pour lui, « Diop comme d’autres » sont en capacité de jouer ce type de matchs. Tout est en place pour ce duel au pays du soleil où la pluie pourrait jouer les arbitres. À Clermont de s’adapter. C’est aussi une question de caractère.
(*) Un mouvement de grève du STC, le syndicat des travailleurs corses, avait empêché tout déplacement dans l’île il y a quinze jours, aéroports et ports étant bloqués.
Valéry Lefort
Les clés de la rencontre
Clermont. Le coach, Sébastien Bichard, s’est réjoui publiquement de pouvoir compter sur quasiment tout son groupe ; seuls Inchaud et Kakili étant encore blessés et N’Diaye suspendu. Le onze de départ devrait faire la part belle aux vainqueurs de Guingamp. On pourrait donc retrouver Magnin sur le flanc droit de la défense. À moins que Konaté… Au milieu, retour attendu du capitaine, Gastien. Devant, alors que Bassouamina a baroudé en Afrique cette semaine, Douane ou Balloudj pourraient saisir leur chance.
Clermont (2). Au cœur de cette coupure internationale, les Clermontois sont allés faire du karting, joueurs et staff réunis. Visiblement, ce sont les plus anciens, à commencer par Damien Da Silva, et dans une moindre mesure, Yohann Magnin, qui ont réalisé les meilleurs temps, avec, aussi, un membre du staff. Ce qui a fait dire à l’entraîneur en chef : « Ils ont fait jouer leur expérience, ça compte. »
Bastia. Deux joueurs sont absents : le défenseur Guevara est suspendu alors que le milieu Janneh est en reprise après sa blessure à Metz. Vincent devrait récupérer le capitanat au milieu, après l’intermède Placide.
Bastia (2). Frédéric Antonetti, coordinateur sportif du Sporting, a avoué ce jeudi « avoir visionné quatre fois Clermont en deux jours ». L’ancien Ponot a dit se méfier.
Bastia (3). C’est un programme infernal qui attend Bastia. En raison de son match en retard à disputer mardi à Pau, le Sporting va jouer cinq matchs en quatorze jours !
